14 septembre 2010

Les Essais

« Au demeurant, ce que nous appelons ordinairement amis et amitiés, ce ne sont qu'accointances et familiarités nouées par quelque occasion ou commodité, par le moyen de laquelle nos âmes s'entretiennent. En l'amitié de quoi je parle, elles se mêlent et confondent l'une en l'autre, d'un mélange si universel qu'elles effacent et ne retrouvent plus la couture qui les a jointes. Si on me presse de dire pourquoi je l'aimais, je sens que cela ne se peut exprimer qu'en répondant : « Parce que c'était lui, parce que c'était moi ». Il y a, au-delà de tout mon discours, et de ce que j'en puis dire particulièrement, je ne sais quelle force inexplicable et fatale, médiatrice de cette union. Nous nous cherchions avant que de nous être vus, et par des rapports que nous entendions l'un de l'autre, qui faisaient en notre affection plus d'effort que ne porte la raison des rapports, je crois par quelque ordonnance du ciel ; nous nous embrassions par nos noms. […] elle [cette amitié] n'avait point à perdre de temps et à se régler au patron des amitiés molles et régulières, auxquelles il faut tant de précautions de longue et préalable conversation. Celle-ci n'a point d'autre idée que d'elle-même, et ne se peut rapporter qu'à soi. Ce n'est pas une spéciale considération, ni deux, ni trois, ni quatre, ni mille : c'est je ne sais quelle quintessence de tout ce mélange, qui, ayant saisi toute ma volonté, l'amena se plonger et se perdre dans la sienne; qui, ayant saisi toute sa volonté, l'amena se plonger et se perdre en la mienne, d'une faim, d'une concurrence pareille. Je dis perdre, à la vérité, ne nous réservant rien qui nous fût propre, ni qui fût ou sien, ou mien »…


Extrait du livre Ier, chapitre XXVIII,
Michel de Montaigne, 1580

31 août 2010

Color my life with the chaos of trouble

On est responsable de ces mots-là. Il ne faut pas se plaindre, après, de les avoir prononcés. On est responsable de ses mots. Il faut apprendre à être vigilant. C'est de ta bouche que sont sortis ces mots ennemis, ces mots qui te défigurent. Ne reproche rien aux mots. Ils sont là parce que tu les a laissés être là et, petit à petit, ils prennent toute la place. Je vais te dire, ils prennent même ta place et parlent en ton nom.

17 août 2010

Chat Online : les réseaux sociaux de la fraternité

J'ai un peur bleue de l'avion. Encore ce matin, mon frère ainé m'appelle juste pour me dire après mon allo "demain tu vas mourir". Hier soir, il craquait.

Hugo dit (23H58) :

c'est quand qu'on crève enculé
bon toi déjà c'est après demain dans l'avion ? mais nous con ?


Mrs Singer dit (23:59) :

pffffffff TG j'ai rêvé de ca cette nuit
et un avion vient de se scratcher en Colombie
coupé en trois par un éclair
UN SEUL MORT NOM DE DIEU


Hugo dit (23:59) :

ouais j'ai vu

Mrs Singer dit (23:59) :

comment c'est possible

Hugo dit (23:59) :

à l'attérissage je crois

Mrs Singer dit (00:14) :

au fait toi tu crèves en décembre dans l'avion quand tu viens me voir

Mrs Singer a dit (00:15) :

enfin au retour de préférence

Hugo dit (00:18) :

on va tenter ouais

Hugo dit (00:31) :

Bon allez je me couche
Profite bien de ta dernière journée en vie
heu, ici


Mrs Singer dit (00:33) :

HAHAHAHAHAHA.
Ciao


Hugo dit (00h34) :

viao
Merde! ciao
Ma chute tombe à l'eau.


Mrs Singer dit (00h35) :

pffff blaireau!

Hugo dit (00h35) :

^^
tg connasse


Mrs Singer dit (00h35) :

ho non te mets pas à faire des ^^ comme les connes

Hugo dit (00h36) :

hihi Patate XD

Mrs Singer dit (00h36) :

hùhù normalement j'le fais jamais heinhihihihhinhin looooool

A demain pour la Cène. Bise.

Hugo dit (00:37) :
Bises


*******************************************************


J’écris un mot à mon petit frère, après lui avoir déplacé tout son matériel informatique, je l’informe donc par ce présent que je termine d’utiliser ses affaires le lendemain, qu’il ne prenne pas la mouche pour rien. (ces petits cordons et autres appareils électroniques étrangers étant ses petits bébés)
Le lendemain, je tombe sur le mot et vois écrit entre mes lignes « je t’emmerde. »
Je suis donc un peu vexée de son petit mot de couillon, et le chope sur internet pour lui dire
:

Moi : Pourquoi tu as écris je t’emmerde sur mon mot, connard ?
Lui : C’était une blague.
Moi : Pour la peine j’ai shooté dans ton ampli.
HAHAHAHAHAHAHAHAHA !
Lui :|


Y'a aucun doute, ils vont me manquer mes reufs.

04 août 2010

I think she’s the saddest girl to ever to hold a martini.



Je sens que je vais bientôt changer de blogsphère. C’est ainsi.
Le fond noir me dérange de plus en plus et puis j’avoue que canalblog me manque.
Il paraît aussi que je vais attaquer une nouvelle vie comme disent les plus optimistes, alors il serait temps d 'aller voir ailleurs si vous voyez ce que je veux dire.
En attendant ma vie se résume à dormir/travailler/dormir. Tout cela dans un cadre rural le plus tranquillisant possible, la voisine d’enfance et les animaux qui sautent dans le lit au réveil.

Il parait d’ailleurs que je suis détestable au réveil. Mes parents l’ont bien compris : ils ne m’adressent pas la parole avant l’heure qui suit mon lever. Ma mère tente parfois de casser les habitudes et elle le regrette très vite. Elle dit qu’elle espère que « si un jour j’ai des enfants je changerais de manie ». Mais moi j’espère surtout ne pas avoir d’enfants et encore moins devoir me lever pour travailler. Oui bon d’accord c’est un peu surréaliste. Mais quand même. Le réveil c’est personnel voyez-vous. J’ai besoin de mes ¾ d’heure pour remettre le cerveau à niveau, faire le bilan de la nuit et anticiper la journée qui m’attend. Donc je plonge le nez dans mon verre de multivitaminé et je lis le journal, pendant au moins vingt minutes. Après je finis ma nuit sous la douche et à partir de là je suis opérationnelle. Mais ça sert à rien de venir me prendre la tête à me dire que mes cheveux trempent dans le chocolat chaud ou que mon chat a encore réveillé la maison à 5h du matin pour sortir parce que je ne répondrai qu’en rugissant avant de rentrer de nouveau dans mon mutisme.
Bon ce qui est génial avec ma personne c’est que je ne suis pas rancunière. C'est-à-dire que vous pouvez m’énerver dès le matin déjà y’a peu de chance que ça m’atteigne. Ou bien je pars au quart de tour. J’ai tellement pas la force de batailler verbalement que je laisse couler et au pire, je pars un peu remontée au travail mais une fois la journée terminée j’ai déjà oublié ce qui s’est déroulé quelque heures plus tôt et je suis une fille formidablement gentille.

De toute façon au boulot je n’ai pas intérêt à emporter ma mauvaise humeur parce que là bas tout énerve très vite. Les collègues quand ils sont dans le jus ils peuvent injurier la terre entière et venir vous faire un calin dans les dix minutes qui suivent. De mon côté j’ai l’impression que je n’ai jamais été aussi zen qu’à ce boulot là. En fait y’a tellement de choses énervantes qu’au lieu de monter en flèche ça me fait marrer et je reste calme tout en travaillant vite. Mais y’en a qui persévèrent à mettre une ambiance catastrophique alors aujourd’hui j’ai dis à Roussette qu’il fallait qu’elle arrête de gueuler tout le temps parce que s’il s’agissait de se parler comme du poisson pourri j’étais la meilleure à ce petit jeu. Alors Roussette elle a cassé une assiette puis elle a cessé de meugler.
En plus c’est pas de sa faute elle a une voix de poissonnière et un bel accent bordelais et je crois comprendre qu’on lui a jamais appris à parler doucement. Mais elle est vraiment grossière des fois elle abuse. Je suis sûre qu’elle se ferait recaler au casting de l’amour est dans le pré c’est vous dire.

Puis y’a Charlie aussi qui est bien bizarre. Je crois qu’elle me fait des avances mais je ne veux pas trop savoir. Déjà elle s’appelle Charlie ça va pas du tout vous êtes d’accord. Après elle est aussi grande que moi (ça, c’est bien) mais elle a des cheveux blonds qui lui tombent jusque sur les fesses et ça ça va pas du tout enfin, moi je n’aime pas. Puis elle a une gueule d’ange mais la même voix que Rocky Balboa alors bin ça me fait tout drôle. D’ailleurs elle je la zappe depuis le jour où je lui ai fais remarquer qu’elle tenait le bon phrasé pour obtenir les objectifs de vente. Oui parce qu’au boulot on est à la fois barmaid, caissière, femme de ménage et commerçante. On a des produits à écouler et ça change tous les jours suivant les gentils patrons qui décident de ce qui doit être vendu au profit des actionnaires qui récoltent la monnaie. Bref on nous apprend tout un vocabulaire commercial pour pousser le client à acheter, et un jour je passe à côté de Charlie et je l’entends sortir toute la panoplie et vas-y qu’elle refourgue tout le rayon. Alors je lui dis « bravo tu gères. » Oui parce qu’elle était nouvelle alors je voulais faire la gentille et l’encourager. Et la meuf elle me répond « bin oui j’ai travaillé à Coffe Nuts lorsque je vivais en Amérique. » Mais sur un ton super prout prout tu vois ce que je veux dire lecteur. Puis elle a tourné les talons et elle est partie faire sa belle. Alors bon depuis Charlie je la calcule plus mais elle elle semble un peu trop me calculer. Heureusement il ne me reste plus que 8 jours à faire sinon je pense que je finirais par avoir droit à la confrontation.

En plus une confrontation j’en ai déjà eu une avec Linda mais c’est pas le même genre de confrontation. En fait Linda c’est la nouvelle meuf de Gauffre et si t’es pas au courant lecteur Gauffre ca a été mon mec pendant deux ans. Ca fait déjà 17 mois qu’on est séparé et depuis Gauffre il n’avait pas eu de vraie histoire donc j’étais bien contente d’apprendre qu’il avait une petite chérie. Sauf qu’elle ne semblait pas aussi ravie de me voir débarquer au concert l’autre soir. Faut dire que Gauffre ne l’avait pas prévenue que je serai là, il a attendu le moment où le petit monsieur déchire le ticket d’entrée et vous souhaite une bonne soirée pour me dire que Linda nous attendait. Alors moi je m’en fichais j’ai dis cool. Mais Linda à en voir sa tête elle était bien remontée contre Gauffre. En plus ça c’est tout à fait son genre, lui il a la tête dans les nuages il a pas calculé une seule seconde que la situation pouvait déranger, de son coté comme du mien. De mon côté il avait raison car il me connait et il sait que ça ne me dérange pas, mais quand bien même par rapport à sa copine il a pas pensé qu’elle pouvait être gênée. Pour lui du moment que c’est bien dans sa tête c’est bien dans la tête de tout le monde. C’est typiquement Gauffre ça, son coté Gaston Lagaffe et perché dans tous les sens du terme. C’est la personne la plus cool du monde et qui ne sait pas ce que c’est de stresser. En fait en deux ans de vie commune je l’ai jamais vu stresser et à peine contrarié. Même le jour où on avait les flics au cul et qu’on a raté de peu le débarquement chez papa maman je l’ai vu jouer à la console tandis que moi je m’arrachais les cheveux. C’est le genre d’attitude qu’on n’oublie pas et d’ailleurs la vie est bizarrement fichue car tout ce qui me faisait rire chez lui est aussi tout ce qui a fait que je l’ai quitté. Parce que Gauffre et moi c’était pas une séparation à la con qui s’est terminée par des fracas de vaisselle cassée ou des injures indélébiles. Ni parce que l’un avait trompé l’autre ou bien parce qu’une distance s’imposait par le travail ou autre. On a été beaucoup plus classe que tout ça même qu’on a vécu quelque mois à 300KM l’un de l’autre et que c’est une fois qu’on a habité de nouveau ensemble que ça a déconné.
Oui parce que la vie est bizarre je viens de vous le dire.

Tout ça pour en revenir à sa meuf qui a tiré la tronche et qui s’est pas gênée même si j’étais là. Alors avant qu’elle pète son câble je me suis un peu éloignée surtout qu’il s’agissait du concert d’Angelo Debarre, David Reinhardt, Romane Elios Ferre et autres guitaristes en or donc j’avais envie d’aller devant. Finalement j’ai fini par aller la voir à un moment juste pour lui dire relax, où est le problème ? Mais elle a été hypocrite en disant qu’elle était énervée parce qu’elle avait attendue trois plombes Gauffre. N’empêche, son argument était totalement recevable. On était aussi les rois des gens en retard et « j’en ai absolument rien à foutre de faire attendre les copains pendant trois heures. » Je me suis sentie pas franchement à l’aise surtout que je déteste ce genre de situation et que même si elle craquait sévère je pouvais pas m’empêcher d'essayer de me mettre à sa place. J’imaginais qu’elle bouillait de l’intérieur et même si c’était pour de mauvaises raisons, j’arrivais à peine à lui en vouloir. Pendant trois minutes je replongeais dans ce genre de mauvais sentiments accumulés cette année lors par exemple, sûrement des plus marquants, les plusieurs week-ends de formation durant lesquels je devais supporter du monde pendant plus de 48H non stop alors que j’avais qu’une envie, celle d'être dans le noir, de m’enfoncer sous mes draps et de mordre ma couette. Croiser l'amour qui me donnait mal au ventre en silence et réaliser qu’à force de faire comme si cela ne faisait rien ça finissait par ne plus rien faire.
« J’ai vite compris mais j’ai mis du temps. »

J’ai fais la fine bouche et ça m’a fait un peu mal parce que j’ai vu Gauffre énervé et ça c’est pas non plus son habitude. Il a commencé à être grossier en parlant de « sa grosse » alors là j’ai senti que c’était pas l’amour fou et ça m’a fait bizarre lecteur. J’avais envie de retourner voir Linda et de lui dire que Gauffre c’est pas un mec à qui on fait des crises pour un oui pour un non, que si jamais elle a des pathologies comportementales c’est pas une raison pour s’énerver contre lui parce que Gauffre c’est une crème et s’énerver contre une crème c’est comme crier dans l’oreille d’un sourd : sans grand intérêt. Aussi lui dire qu’une heure avant il m’avait dit qu’il mettait un peu de temps à s’attacher et qu’il sentait qu’elle l’était plus que lui et qu’elle semblait être un peu « chiante ». Je lui avais répondu qu’il se laisse du temps et qu’il voit, des fois on n’est pas frappé par Cupidon du premier coup et le coup de foudre instantané c’est plutôt pour les films avec Hugh Grant. Alors j’ai hésité à faire comprendre à Linda qu’il fallait qu’elle s’écrase sinon il allait partir en courant. Mais bien entendu tout cela ne me regarde pas donc je n’ai absolument rien dis puis j’imagine qu’elle ne l’aurait pas très bien pris. J’ai pas non plus voulu faire la drama queen en mode « je sens que je dérange donc je m’éloigne », j’ai prétexté vouloir faire un tour du site et là miracle un jeune anglais est venu me taper la conversation pendant près d’une heure.

Le concert se déroule tranquillement et l’anglais a un accent français qui me donne des chatouilles au ventre. Il me demande si je connais Daft Punk et Johnny Halliday. Je lui demande s’il est humoriste dans son pays d’origine. Non, cuisinier il me répond. Il est mignon mais il a un bandeau dans les cheveux et ça je suis désolée ça me casse mon groove. Le bandeau c’est pas pour n’importe qui.
Mais il veut absolument parler français et moi anglais donc on rigole et il pose plein de question. C’est marrant les conversations avec les étrangers on a l’impression qu’elles sont riches alors qu’en réalité on passe trois heures à poser les questions banales. Tout ça pour dire qu’à un moment Gauffre vient me retrouver pour me demander si je veux à boire. Au même moment Linda qui avait dû fumer assez d’herbe pour sentir qu’elle avait été ridicule vient nous retrouver. Gauffre tente de parler de son métier à l’anglais et lui dis qu’il fait du bâtiment en France et en Europe et moi j’explose de rire parce qu’il est allé une fois en Espagne et à l’entendre parler il passait son temps à faire du ciment pour la SNCF. Du coup Gauffre bon joueur se marre et me fait un petit bisou sur la tête. Linda arrive à cet instant et l’anglais balance à Gauffre en me désignant « Ho, is she your girlfriend ? »

Qu’est-ce qu’on se marre ici, je vous jure.

23 juillet 2010

Je t'aurais cruellement aimé, Jim.

Dans tout les poèmes il y a des loups
tous sauf un,
le plus beau de tout les poèmes.
Elle danse dans un cercle de feu
et rejette le défit d’un haussement d’épaule ...

21 juillet 2010

On The Problematics Of Deconstruction



" Each time that I write something, and it feels like I’m advancing into new territory, somewhere I haven’t been before, and this type of advance often demands certain gestures that can be taken as aggressive with regard to other thinkers or colleagues – I’m not someone who is by nature polemical but it’s true that deconstructive gestures appear to destabilize or cause anxiety or even hurt others—so, every time that I make this type if gesture, there are moments of fear. This doesn’t happen at the moment when I’m writing. Actually, when I write, there is a feeling of necessity of something that is stronger than myself, that demands that I must write as I write. I have never renounced anything I’ve written because I’ve been afraid of certain consequences. Nothing intimidates me when I write. I say what I think must be said.
That is to say, when I don’t write, there is a very strange moment when I go to sleep. When I have a nap and I fall asleep. At that moment in a sort of half sleep, all of a sudden I’m terrified by what I’m doing. And I tell myself : “You’re crazy to write this!” “You’re crazy to attack such a thing!” “You’re crazy to criticize such a person.” “You’re crazy to contest an authority, be it textual, institutional or personal.” And there is a kind of panic in my subconscious. As if .. what can I compare it to ? Imagine a child who does something horrible, Freud talks of childhood dreams where one dreams of being naked and terrified because everyone sees that they’re naked. In any case, in this half sleep I have the impression that I’ve done something criminal, disgraceful, unavowable, that I shouldn’t have done. And somebody is telling me “But you’re mad to have done that.” And this is something I truly believe in my half sleep. And the implied command in this is : “ Stop everything! Take it back! Burn your papers!” “What you are doing is inadmissible!”
But once I wake up, it’s over.
What this means or how interpret this is that when I’m awake, conscious, working, in a certain way I am more unconscious than in my half sleep. When I’m in that half sleep there’s a kind of vigilance that tells me the true. First of all, it tells me that I’m doing is very serious. But when I’m awake and working, this vigilance is actually asleep. It’s not the stronger of the two.

And so I do what must be done. "

18 juillet 2010

Je ne voudrais que des bobos popotes.



Il faut que je vous parle d’Etan.
Tout d’abord parce qu'il porte un prénom merveilleux.
Classé dans la catégorie des noms doux qui se prononcent fabuleusement entre mes lèvres.
Etan est un garçon, âgé de 26 ans.

Lorsqu’on demande à Etan ce qu’il fait dans la vie, il répond qu’il est admirateur du néant.
En fait, il étudie la philosophie en même temps qu’il persévère dans des études de droit.
Allons bon.
Etan est aussi un classieux serveur, qui sait porter des plateaux de 10 kilos tout en dansant la polka.
Atrocement souriant avec la clientèle, il se retrouve chaque jour avec des pourboires monstrueux.
Pourtant, Etan passe son temps à dire qu’il en a marre, et qu’il partira.

J’ai rencontré Etan un soir de débauche où je traversais la ville avec Gwadale pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Quelque chose de vivifiant qu’on avait envie de savourer ensemble, car Gwadale et moi, c’est une vieille histoire, et entre Gwadale la poudre et moi, c’est une aussi vieille histoire. Passant du statut de nones moralisatrices à celui de fêtardes abusives, cela faisait des mois entiers que nous n’avions pas salué ensemble ce que nous avions tant aimé découvrir à deux.

Ce soir là, j’étais en repos pour encore 24H, et Gwadale m’avait presque ordonnée de dormir chez elle, dans son 20m carrés bordélique, devrais-je dire son four. N’ayant pas besoin de me faire prier, je n’ai plus de toit dans cette vieille cité bordelaise et y vais désormais en touriste, avec mon sac et ma guitare comme dirait Francis, dans la certitude de trouver une porte qui s’ouvrira sûrement.

Comme cela fait parti du deal, les produits illicites sont toujours générateurs de faux plans/faux espoirs et soirées improvisées. Encore une chose que j’avais oublié avec Gauffre, tant Gauffre avait de contacts et surtout, le flaire pour dénicher les meilleurs trucs au bon moment. Mais ce soir-là, c’est lui qui nous a plantées à la dernière minute, après une journée de dur labeur qui l’a empêché une fois débauché d’aller trouver ses complices coursiers.
Tant pis, nous irons prendre l’air. Cela fait déjà trois heures que nous cuisons à une terrasse sans arrêter de parler, nous pouvons bien poursuivre nos conversations ailleurs.

Voilà qu’on arrive devant ce vieux cinéma bordelais tant réputé.
Pourquoi pas ici, après tout ? Cet endroit est rempli de bourgeois et de jeunes pimbêches en décolleté buvant des mojitos, et la bière est la moins chère du coin. On pourrait tenter de se fondre dans le décor, puis, j’ai envie de lire le programme, au cas où j’aurais l’idée d’inviter quelqu’un partager un film ou deux.

Tiens. Voilà qu’à peine assise, une jeune fille me bouscule, sans faire exprès.
Elle allait visiblement retrouver son père et était sur le point de lui sauter dessus.
Ce visage me dit quelque chose.
Ha, quelle étrangeté. C’est l’ex de. , dis-je à Gwadale. Elle travaille à côté en fait, c’est logique.
Je m’épate de savoir la reconnaître alors que je ne l’ai jamais vue auparavant.
La magie d’internet et ma mémoire sélective qui ne ferme pas les yeux sur certaines photos.
Elle a un air bien particulier. Un visage de maligne, je trouve. Quelque chose de lumineux dans son sourire. Elle a l’air tellement heureuse de voir son père. J’aime bien comme elle est habillée. Un sarouel et une chemise légère. Je l’envie, je crève de chaud sous mon petit pull.
Du coup, nos regards se croisent pendant un certain moment, et je finis par détourner le mien. Je n’aime pas cela, je sais qui elle est mais elle ignore qui je suis. Restons-en à ce qu’elle voit, une parfaite inconnue.
Gwadale me regarde, on sourit.

L’entrevue ironique nous mène à parler chiffons et serviettes, à vitesse grand V, sans limites et retenues. Gwadale est en pleine crise sentimentale, elle flippe car elle ne sait pas dire si elle aime ou non son mec. Je lui dis qu’elle se pose les mauvaises questions, et surtout, que ce sont de mauvaises raisons qui lui font se les poser. En fait, ma réponse ne fait pas l’unanimité. J’imagine coloc m’entendre dire cela, et je sais que pour elle et sa manière de fonctionner, il est évident que savoir poser des mots sur des sentiments est quelque chose de primordial, encore plus lorsqu’on partage sa vie avec l’autre depuis presque deux années. Le contraire serait le début d’une trahison car malhonnêteté car perdition.

Moi, je fais des tours de bras dans le vent.

Je ne sais pas ce que je ressens, je sais seulement que je ressens. C’est ma pile, mon repère. La seule distinction que j’arrive à faire, c’est reconnaître si je suis sur la voie de.
Car. Soit. Papillons, sourire niais, report constant à l’autre. Sourire niais. Excitation. Bousculade. Ressemblances, déchirures, boites à questions, créations de projections idéalisées et échanges de confidences enterrées. Soit. Je me sens juste bien et « apprécie » passer du temps avec l’autre. Sans aucun soucis d’avenir, d’anticipation même des problèmes, d’égo heurté, de sensations bafouées, de déceptions. Foutue vie peinarde qui ne me correspond visiblement pas, et, tant pis, pour l’autre, tant mieux, pour moi. Je ne suis pas là pour gâcher mon temps à me sentir seulement bordée et « tranquille », cousin.

Que leur Dieu m’en garde.
On s’en fout, Gwadale, ce n’est pas parce qu’il te manque que tu l’aimes, ce n’est pas parce que tu es séduite par le nouveau que tu ne l’aimes pas, ce n’est pas parce tu es nostalgique que tu ne l’aimes plus, ni parce que tu ne lui as pas dis depuis des mois. On s’en fout. That’s not the problem in fact.

Je m’aperçois que le serveur qui m’effleure sourit en même temps qu’il nettoie la table à côté de la notre.
« Y’a de l’euphorisant dans ta lingette puante ? lui demandais-je.
Etan se tourne vers nous et son sourire s’accroît.
« Pas dans ma lingette » dit-il.
Gwadale et moi échangeons un regard.
« T’écoute tout ce qu’on dit depuis tout à l’heure ? » elle lui demande.
« J’ai pas le temps d’écouter toutes vos questions existentielles. J’ai juste entendu quand ta pote parlait des besoins de séductions et de son profond moi »
« C’est tout ?!! criais-je. En fait t’as entendu le plus personnel quoi. »
Il pose son plateau. On sourit toutes les deux et on le regarde avec de gros yeux.

« Heureux de faire ta connaissance. Un jour il faudra qu’on ait une discussion toi et moi. »

Ouais vas-y, t’es trop drôle mec. Gwadale attrape une cigarette comme si le moment à venir était à savourer en même temps que la nicotine. Je souris toujours mais d’un air moqueur, je ne dis rien et je sens qu’à la vue de ma bouche qui se tort, il ne sait pas comment je le prends. D’ailleurs je ne sais pas moi-même comment je le prends, d’un côté c’est typiquement le genre de phrase de charmeur à la con que je déteste entendre, d’un autre, sa tête m’est sympathique et ses yeux ne donnent pas l’air faussement affriolants, ils le sont, justes.
« Avant de se la jouer compréhensif et solidaire, tu peux me dire si tu as vraiment de l’euphorisant ou si tu souris toujours aussi bêtement sans raison ? »
« Combien ? »
« Un »

Il part téléphoner.
Je l’observe, et, de profil, me rends compte qu’il me fait penser à Gaël.
Personne ne me fait penser à Gaël. Gaël est mort et personne ne doit lui ressembler.
Mais quoi que je dise, il a quelque chose de lui.
Je laisse mon cœur se tordre deux secondes.
Il revient.
« Dans une demi heure » Nous dit-il.

Là, c’est juste trop le fun. On est là à picoler depuis des heures, retournant les contacts téléphoniques (de vrais lâcheurs, ceux-là, rentrant dans le cadre de la lose pour la recherche stupéfiante), se moquant de nous-mêmes et de notre soirée étoilée qui devenait soirée arrosée, et là, un mec sorti de nulle part, un putain de mec qui sert des bières dégueulasses avec un t-shirt portant une énorme tête de squelette, vient à surprendre notre conversation et nous trouver ce que nous voulions.

Inutile de préciser que la trouvaille était remarquablement bonne, et que, pour le remercier, on a amené Etan avec nous à l’arrière boutique. Etant de service pour encore deux bonnes heures, il nous proposa de le retrouver à la fin de son service, afin de passer le reste de la nuit sur les quais bordelais avec des potes à lui musiciens. Ha, les potes musiciens, toujours là pour égayer des soirées, dans la vie !

En attendant qu’il termine, Gwadale et moi décidons de quitter les bobos pour aller se changer, faire le plein, et visiter de nouveaux bars.

En retrouvant Etan, mon cœur bat la chamade et il s’accélère à la vue d’un message sur mon portable. Un message qui me parle mais un numéro que je ne connais pas. Je réponds en demandant si c’est une erreur, on me répond « pardon. » Laisse béton, me dis Gwadale. Tu crois que c’est lui mais s’en est peut-être un autre. Je ne crois rien. Lui ne dirait pas pardon. Certainement pas. Lui ne dit absolument rien.
Je coupe cette machine à emmerdes qui ne m’a définitivement servit à rien ce soir, et la range au fond de mon sac.
Etan arrive toujours souriant, et nous propose de boire un dernier verre avant de retrouver les marginaux. Parfait, nous sommes assoiffées, et il n’est pas bon de s’arrêter au 10ème verre.

Il ne nous demande pas comment nous allons, ni ce que nous en pensons, ni si nous sommes des branleuses pour de vrai ou si c’est juste la mode d’un soir. Nous apprécions.

« Ca m’a fait marrer de vous entendre parler toute à l’heure. C’était pas bête, ce que vous disiez. »
« Tu ne me connais pas, je m’en fiche que tu ais entendu quoi que ce soit. »
« Tout va bien alors. Tu es une écorchée ? »
« Oui. Une orpheline. Victorieuse d’âmes chamboulées par leur propre existence et mon amour. Je pensais souffrir, mais je suis juste malade de la chaleur estivale. Le reste, qu’il parte. J’en ai à revendre, paraît-il. »
« Et bien, je n’ai pas d’argent, mais j’apprécie ce don érotique! »
On se sourit.

« On va se la mettre sévère et chercher de quoi fifizer ? »

Quoi ? Qu’est-ce-qu’il raconte ce plouc ? J’espère qu’il parle pas de trouver d’autres drogues, j’ai pas non plus envie de finir épave ce soir. Enfin, pas plus que là.

« Et bin, vous ne connaissez pas la combinaison du tiercé gagnant ? Dans la vie, il y a les bobos, les fifiz et les popotes. Les bobos, c’est la personne avec qui l’on sort. L’officielle quoi. Le petit copain la petite copine. Les fifiz, c’est les personnes qui nous tournent autour, ou celles auprès de qui on tourne, bref, très vite, des éventuels plans culs, ou/et les roues de secours, celles qui font, généralement et même si on se l’admet à peine à soi-même, qu’on quitte le bobo pour pouvoir fifizer tranquillement sans causer de tort. Jusqu’à ce que le fifiz prenne la place du bobo et perde son intérêt de fifiz. Puis, il y a les popotes, qui sont des proches ou des moins proches, bref, des « potentiels », que l’on aime bien et avec qui on partage des chouettes trucs, que l’on n’ imagine pas un jour devenir bobo et encore moins fifiz. Pourtant, il suffit d’une fois pour que le popote devienne fifiz puis bobo. Dans la vie, tout le monde a des bobos, des fifiz et des popotes. Quoi qu’on dise, on fonctionne tous de la même manière. Dès qu’on se met à fifizer, il faut jarcler le bobo. Puis, vint les instants de petits moments volés, d’affection et de légèreté. Mais le fifiz n’est pas quelqu’un de fiable car il ne nous permet pas d’être pleinement heureux car quoi qu’on dise, le fifiz ne remplace pas le bobo. Alors, on passe à la boboïsation et tout repart à zéro. »

J’écoute ce qu’il dit et souris. C’est tellement facile de rentrer des gens dans des cases ?

J’ai l’air cruche à dire que je n’ai pas de fifiz.
Je n’aime pas les roues de secours, c’est soit tout soit rien, c’est ainsi.
Je n’aime pas qu’on me court après, si je ne regarde pas bien c’est que je n’y trouve pas grand intérêt à m’y pencher, ou bien juste périodiquement, et ça, ça sent mauvais. Je n’aime pas faire croire en des choses que je ne veux pas donner, jouer un faux air me fatigue rapidement, ni, fricoter avec des éventuels, tandis que je partage des choses avec quelqu’un, ou pas.
Puis, je n’ai pas besoin d’une roue de secours pour me détacher du bobo, puisque je n’en ai pas.
N’aimant pas en être une moi-même, il ne risque pas de pointer le bout de son nez, ou bien il parviendra à déguiser ceci en cela et le tout sera alors le bon.
Le potentiel exceptionnel est parti en courant clamant qu’il refusait d’en être un.
Visiblement, il a manqué de tout saisir.

Je regarde droit devant tandis qu’on quitte le bar pour attaquer une longue marche.
Je commence à être sérieusement ivre et je vois Gwadale qui renifle et jure en même temps.
Etan est entre nous deux et nous marchons du même pas décidé vers les quais.
Chacun tient le bras de l’autre et voilà qu’il se met à siffler J’men fous pas mal, de Piaf.
Ca tombe bien. Gwadale comme moi connaissons et partageons les plus grands malheurs d’Edith.

Enchantée, Etan.

17 juillet 2010

Le temps vous instruira. Et s’il vous fait défaut, c’est à cela que sert l’imagination.

Je fonctionne de la même manière que mon neveu.
Une boule d’énergie.
Un bouquet d’envies variées.
Des cris, des éclats de rire, des chantonnements.
Je taquine et provoque.
Je cherche et je trouve, des gestes affectueux.
Je suis fatiguée : je deviens irritable, susceptible, désagréable.
Puis, je pleure.
Je suis contrariée : je fais d’abord la moue. Puis, je pleure.
Un peu de silence, dans mon coin.
Ensuite, je déborde d’énergie. De nouveau.

Il a 4 ans. Je suis à l’aube de mes 22.

Quel plaisir particulier je trouve dans ce travail. Je retrouve, devrais-je dire.
Les joies de la restauration.
L’adrénaline. Le stress. Le chiffre d’affaire. Le patron pas « mauvais » en soi mais qui, bien entendu, ne vit que pour ses intérêts. Les clients. Le rush. La manière de s’adresser aux collègues. Les « allô » quand on est dans le jus. Car c’est comme cela qu’on parle en service. Dans le jus, ça veut dire dans la bousculade, dans l’empressement, entre un client qui attend, un autre qui vient réclamer, un autre qui vient demander. Tout en même temps. Allô ?

Ce plaisir de faire trente six mille gestes en même temps. Ouvrir le robinet, passer le verre, attraper la bouteille, remplir le verre, fermer le robinet, se pencher pour attraper le citron, changer le papier pour la carte bleue, tiper les produits, essuyer le verre, répondre aux collègues qui cherche sa commande, dire le prix, encaisser, fermer la caisse, donner le reçu. Bonjour/au revoir. Bon appétit, bon voyage.
Et avec cela ?

Des clients à n’en plus finir. Des clients à satisfaire. Moi au bout du service. « Vous êtes le produit fini » m’a dit l’arriviste. Je dois être présentable, bien coiffée, me tenir droite, ne pas jurer, sourire, surtout. Sourire.

Ne pas voir l’heure passer. Etre bousculée, tout le temps. Tout faire, dans les temps.
Répondre à des objectifs de vente, qui dépendent de ma qualité de commerçante, pour mon patron. Qui dépendent du client et de son portefeuille, pour moi.

Travailler sans relâche, avoir un poste à responsabilité. Tenir une caisse à 500 euros. Faire les comptes. Servir au bar, du café, du café, du café. Classique ou 100% arabica ? L’arabica est le café dît d’origine, l’un est corsé, l’autre plus doux, se sert même en serré, paraît-il.
Qu’importe, je n’aimerai jamais cela.


Etre derrière un bar, avoir tout à portée de main, se trouver face aux clients qui s’assoient et vous observent travailler. Tandis que mes yeux se concentrent sur les liquides qui coulent dans les verres. Joli mélange, ce cocktail. Ca me rappelle des souvenirs, mais ils n’en sauront rien.

Puis, savoir se taire. Ne pas râler. Accepter de passer d’un poste de représentant à un laveur de chiottes. C’est ainsi. Gratter, nettoyer, décorer. Varier.
Faire croire au client que tout cela est totalement sous contrôle.

Le plaisir, de travailler en équipe. D’avoir un poste unique, mais de partager les emmerdes en commun. De l’entre aide, tout le temps. J’ai toujours connu ça en restauration. Quoi qu’il arrive, qui que ce soit, les collègues s’aident entre eux. Que ce soit le calme plat ou la panique totale, chacun va répondre aux questions, se déplacer, quitter son poste, courir, crier, donner main forte à celui qui le demande. Observer le travail des uns et anticiper les besoins des autres. Pouvoir participer, répondre. Etre formée en deux temps trois mouvements, car la majorité du savoir s’acquiert dans l’expérience de la pratique, puis, former à son tour.

Se sentir utile, efficace, rapide. Surtout, rapide.

Remarquer que les gestes deviennent mécaniques. Qu’ils s’enchaînent. Comme l’exercice de lecture, le cerveau a bien enregistré la procédure, tout se fait tout seul, les mains s’agitent systématiquement au contact d’une tâche à effectuer.

Tiper les produits à l’écran tactile. Quelle joie. Ils étaient tous épatés. Ne soyez pas crédules, j’ai déjà fait de la restauration, normal que je connaisse un ordinateur. Oui, mais tu enregistres vite. Normal, c’est trop fun de taper sur l’écran avec son index et de faire défiler les produits, de les trouver en deux fractions de secondes, de les ajouter/modifier/supprimer. Il me manquerait ne serait-ce qu’une seule case en moins et parfois je pourrais avoir l’impression de jouer à un jeu. A défaut de jouir comme nombreux autistes périodiques des applications pour I-phone débordantes d’inutilités, hors de ma portée.

Le temps passe à une vitesse folle. Pas le temps de penser. Impossible que les éléments extérieurs viennent trébucher sur le travail, tant il est difficile de laisser son esprit divaguer. Lorsque la fatigue pointe le bout de son nez, lors des fins de service, que la nuque reçoit comme des pointes par à-coup et qu’arrive à ce moment LE client râleur, celui qui vous remet tout sur la gueule et qui finit par « si vous n’êtes pas contente aller voir le responsable », ce genre de moment qui fait monter ma température en l’espace d’une fraction de seconde et qui me met à l’épreuve, je les défis .
Puisque je ne dois surtout pas agresser quelqu’un, l’insulter où m’arracher mes propres cheveux, je prends sur moi. Prendre sur moi .. un exercice à renouveler sans modération durant toute ma vie, je crois (et, quel bien !).

De toutes manières, être barmaid, c’est la classe.
Et barmaid en jupe, c’est encore plus la classe.

N’empêche qu’il est amusant de constater que les rares moments où j’ai des coups de mou, où je sens que je commence à devenir tristounette et à trouver tout relativement pénible, me vint alors la pensée de mon périple à venir, qui approche à grand pas. Quand cette pensée me traverse l’esprit, comme si je l’avais « oubliée » ou qu’elle n’avait plus sa place dans ma tête au moment de, je ressens quelque chose d’étrange dans mon corps. Je ne saurais dire si c’est dans mon ventre, ma tête, ou bien partout, mais arrive une sorte de vague salvatrice, qui s’étend partout, un sentiment léger comme lorsqu’on est amoureux et que dans une vague de décrochage le simple fait de « penser » à la personne qui nous touche nous redonne comme un petit coup de carburant dans le moteur rouillé.
Je ressens véritablement cela, sauf que je suis amoureuse d’un pays, qui plus est inconnu.

Comme toute tâche non directement désirée, il faut voir plus loin que le bout de son nez, et de celui du calendrier. Se projeter, toujours, quoi qu’il arrive. Avoir des envies, même si celles-ci se transforment.
Savourer le moment présent, toujours, et se laisser porter par ce qui nous pousse en avant.

J’aime cela, je crois.
La pression, les menaces patronales, les clients antipathiques qui me font ravaler ma salive, qui me rendent davantage placide, et qui me poussent à les regarder dans les yeux en leur dévoilant mon plus grand sourire. Ecouter des familles qui passent à la caisse, en silence, et deviner un soupçon de leur potion éducative, certaines remarques qui font sourire, d’autres, qui crispent.
Mais les enfants, quels que soient les parents, restent de fins observateurs discrets. Regardant de leurs gros yeux l’écran que je manipule ainsi que les verres que je remplis, j’aime les surprendre, en leur tirant la langue lorsque nos regards se croisent, toujours lors des dernières secondes de l’entrevue, les laissant interrogateurs avec un sourire timide au coin des lèvres.
J’aime, le bruit des verres qui se cognent entre eux lorsqu’on les range, après avoir passé un coup de chiffon dans chacun d’eux, eux qui sortent brulants de la plonge, qu’il faut manier avec précaution, tout en faisant vite.
J’aime, compter la monnaie, avoir le pouvoir de décider de si je rendrais des pièces ou un billet, la compléter à ma guise, puis, surtout, la rendre dans les mains du client.
Le seul contact physique qui soit inévitable.
Les anglais et allemands qui rentrent et sortent, qui me donnent l’impression de maîtriser de mieux en mieux la langue, sauf que je ne connais absolument rien au vocabulaire de la restauration. Mais je m'amuse, et ils me laissent des pourboires.
Les mamies qui s’excusent sans arrêt d’être lentes, et moi qui les encourage à prendre leur temps.
Les quelques charmeurs qui viennent toutes les trois secondes demander où se trouve le sel, puis le ketchup, puis les couverts, alors que les trois résident sur le même plateau.
Tout en s’excusant d’être perturbants.
Perturbants, qu’ils disent ..

Walk the line

Ce film est tombé à pic.
Une merveille.
La musique comme elle se fait rare désormais. Une époque de découvertes épatantes. Une bande originale fabuleuse.
Une histoire vraie.
Les amants éternels.

Et, comme à chaque fois, je suis retombée amoureuse de Joaquin Phoenix.
Ses yeux noirs de douleur et de sensibilité.
Sa gueule cassée, sa voix grave, son allure.
T.y.p.i.q.u.e.m.e.n.t mon genre.

Mièvrerie aux chiottes. Cet acteur est juste brillantissime.
Beau, singulier, un visage que l'on n'oublie pas. Dans chacun de ses rôles, un Nom.
Ses habits noirs.

" Avec vos vêtements noirs, c'est comme si vous vous rendiez à un enterrement."
" C'est peut-être le cas."

Son élue. Cela tombe bien, je l'aime aussi énormément.
Une originaire des U.S.A, actrice sollicitée, belle en son genre, qui sort du lot des potiches à productions niaises. Reese Witherspoon qui m'avait séduite, à l'age des mes 13ans, dans Freeway, tandis que le film m'avait marquée pour plusieurs années, puisque je me souviens avoir eu peur, encore aujourd'hui. Je devrais le revoir, tiens. Savoir ce qu'il en serait maintenant.
Puis, Sexes intentions, American psycho, Fear. Tant de bandes vidéos qui ont rythmé, à répétitions, plusieurs moments de ma vie.

Mais. Quel duo de choc. Quelle belle histoire.
Celle de Johnny Cash.

A ne pas rater, amis lecteurs.
A n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, il enjolive l'écoute, il sème des sourires, fait battre le rythme, et, comme tous les bons films, donne un autre sens à la vie, l'espace d'un temps certain. Le temps de le voir. De le savourer. D'y repenser.

Bonne nuit.

04 juillet 2010

L'entendez-vous ?



Time, time, time, see what's become of me
While I looked around
For my possibilities
I was so hard to please
But look around, leaves are brown
And the sky is a hazy shade of winter

Hear the salvation army band
Down by the riverside, it's bound to be a better ride
Than what you've got planned
Carry your cup in your hand
And look around, leaves are brown now
And the sky is a hazy shade of winter

Hang on to your hopes, my friend
That's an easy thing to say, but if your hope should pass away
It's simply pretend
That you can build them again
Look around, the grass is high
The fields are ripe, it's the springtime of my life

Ahhh, seasons change with the scenery
Weaving time in a tapestry
Won't you stop and remember me
At any convenient time
Funny how my memory slips while looking over manuscripts
Of unpublished rhyme
Drinking my vodka and lime

Ilook around, leaves are brown now
And the sky is a hazy shade of winter

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...
"You are the best. You are the worst. You are average. Your love is a part of you. You try to give it away because you cannot bear its radiance, but you cannot separate it from yourself. To understand your fellow humans, you must understand why you give them your love. You must realize that hate is but a crime-ridden subdivision of love. You must reclaim what you never lost. You must take leave of your sanity, and yet be fully responsible for your actions."

24 juin 2010

Et les Beatles chantaient "And I've been working like a dog. lt's been a hard day's night, Yeah Yeah Yeah... Yeah..."

Ce matin tandis que mon esprit se baladait dans l’écoute attentive de merveilleux albums musicaux conseillés par Blondin, on sonna à ma porte. Une fois.

Je ne veux pas répondre. J’ignore qui c’est, trois options : les témoins de Jéhovah, les poissons suceurs comme j’aime les nommer. Ils m’ont collé toute l’année pensant me convertir au christianisme en m’harcelant toutes les trois semaines. J’ai beau leur dire que je refuse de penser que ma vie est dictée par un Dieu Tout Puissant et que je prends de la cocaïne, ils s’en foutent et reviennent à la charge.
Soit c’était un banquier, nouvel arrivant au Crédit Agricole qui cherche des maisons à vendre, ou bien, tout simplement, quelqu’un qui serait forcément quelqu’un que je n’avais pas envie de voir, puisqu’à cet instant, seul le son des Chemical Brothers et autres merveilles me traverse d'une manière agréable, ainsi que l'effet des regards furtifs de mes félins en ma direction alors qu'ils se prélassent au soleil.

Coloc est au lit et se repose avant une dure journée de répétition de batterie, et je n’ai toujours pas envie d’ouvrir. Ca sonne. Deux fois.
Je cherche mes clés, je ne les vois pas.
Je monte le son.
Trois fois.
Bien décidée à me précipiter dans l'entrée pour rembarrer le connard qui m’emmerde, je monte dans ma chambre, retourne mon lit et trouve mes clés.
J’ouvre la porte. Un son aigue me perce les tympans : voici mes deux voisines portugaises âgées de plus de 70 ans qui s’excitent sur moi gratuitement. L’histoire ? Une machine à laver qui a été déposée devant chez elles, (en fait, à gauche de ma porte, mais j’apprends désormais que ce n’est plus chez moi.) Elles crient toutes les deux (elles sont sœurs, les connes), mais surtout une, qui me dit que je n’ai pas le droit, qu’il y en a assez, que je suis vraiment une mauvaise personne, qu’elle en a marre. Au bout de 2minutes trente j’arrive à placer un mot et leur dit que les services de la Mairie ont été prévenus, que je n’y suis pour rien s’ils ne sont pas venus la chercher. Rien à faire, elles vocifèrent. Elles me disent que je dois la déplacer, je commence à le faire dans un élan de bonté divine, et elles continuent en disant qu’elles vont appeler mon proprio. Du coup, je leur calle un « demmerdez-vous » et je referme ma porte.
Illico presto, j’appelle mon proprio, le prévenant que je risque de causer un meurtre si elles continuent à me faire chier. Lui rigole, comme toujours. C’est un rigolo ce mec, et il a l’habitude des plaintes des vieilles contre les étudiants locataires. Il me souhaite bonne chance, Merci mec. Je tente de réveiller ma coloc pour qu’elle me calme ou qu’elle assiste à la scène sanglante, je ne sais pas encore, mais je sens que la température monte.

Je me rassois, je me roule une clope, je me dis qu’il ne faut pas que je m’énerve. Je suis certainement très vexée de la manière dont ces zombies m’ont attaqué, je commence à réellement maudire cette putain de machine à laver que je voudrais voir être sortie depuis plus de dix mois, me préparant depuis des lustres à ce qu’un jour elle me pose problème d’une manière ou d’une autre. Mais du calme, me dis-je, tu sais très bien que c’est inefficace de s’énerver, en plus tu es toute seule et tu te sentiras encore plus ridicule par la suite. Tu pars dans 7 jours, laisse faire, laisse faire… que t’importe le jugement de deux mégères qui ont déjà un pied dans la tombe ?

Les KD Sessions de Kruder et Dorfmeister se terminent, silence.

J’entends une voix d’homme, lui aussi a une fort accent. Et voilà que ça piaille devant chez moi. Non mais je rêve ! C’est le cirque devant ma porte et à tous les coups elles m’ont foutue la machine à laver pile devant le passage de sortie. Je me lève, après tout, qu’est-ce-que j’attendais pour aller me défouler ?
Bingo, une fois rendue au bas de chez moi, les vieilles étaient toujours là à brailler « c’est inadmissible ! » « non mais non » ! accompagnées du père de mon proprio, lui aussi un vieux débris portugais. Je leur dis calmement que ça ne sert à rien d’en parler pendant trois plombes, que je vais appeler les services de la Mairie pour prendre connaissance de leur venue.
Une des deux, la plus vorace, insiste. Elle crie si fort et d’une voix si rauque que même sans les mots le ton suffit à me crisper. J’ai les mains moites, et mes mâchoires travaillent. J’entends ce qu’elle dit mais ne l’écoute pas, je regarde à gauche à droite et je finis par hurler « mais tu vas arrêter de crier comme une morue oui ! ».

Là, c’est le drame.

Limite si la vieille n’a pas fait un double saut périlleux arrière en déblatérant des injures chinoises avant de me tomber dessus avec sa vieille combinaison de femme de ménage des années 50, toute bleue quadrillée et ses sabots de la vieille Hélène, elle hurle. Je suis mal élevée, bon dieu c’est impossible, je suis tellement mal élevée, comment puis-je la traiter de morue alors qu’elle a le même âge que ma mère ?
Là je repense aux bouffons en crise identitaire de classe de 5ème qui se tapaient dessus dès que l’un d’entre eux parlait de « sa mère ». Ma mère connasse, elle est belle et elle n’a pas encore 60 ans, laisse moi tranquille.
Mais je ne prends pas le temps de lui dire quoi que ce soit, ses paroles glissent sur moi et les deux autres cons regardent la scène. Elle continue, disant qu’elle a ramassé notre linge toute l’année dans son jardin, alors qu’il s’agit en réalité d’une seule fois où mon drap s’est décroché de la corde à linge. Une seule fois et elle en fait tout un tintamarre. Elle dit que « c’est une honte » et sa sœur s’y met aussi, tiens. Elles se ruent sur moi en me pointant du doigt, putain ce qu’elles m’agacent. Pendant trois secondes je me vois en pousser une par terre puis je réalise que ce n’est pas légal et que je risque de mal terminer. Dommage. Ou encore heureux que j’ai eu un élan de lucidité. Je ne me vois pas faire de la taule pour une connasse de mamie frustrée d’être vieille et moche et qui ne sait se manifester que par des plaintes incessantes.

Mes yeux fuient les deux vipères et voilà que j’aperçois que tout le quartier est dehors. Des mères de famille, leurs mains posées sur les épaules de leurs gosses et je les regarde en disant « mais oui mais oui, c’est le grand spectacle ! » Les gens sourient, je n’ai pas le temps de savoir s’ils sont gênés, si c’est de la compassion ou s’ils sont justes stupides. Dans les trois cas je m’en tape j’emmerde le monde entier à l’heure qu’il est donc je fais rebrousse chemin et indique à la vieille que si je l’ai traité de morue c’est parce qu’elle ameute tout le quartier, qu’elle est venue crier devant chez moi en sonnant plusieurs fois alors que je n’avais pas envie d’ouvrir.
Après coups je me demande, dans ce genre de moment où je ne donne raison qu’à moi-même, ce qui me pousse systématiquement à tout de même chercher à donner mon avis aux gens avec qui je suis en conflit. Comme si c’était important pour moi que la dispute ne se termine pas sur un raccrochage au nez ou une porte claquée avant que j’ai pu dire ce qui me pousse à. Comme si le fait de dire à haute voix toutes les raisons (valables, bien entendu) qui m’ont poussée à agir de telle ou telle manière allait me déculpabiliser entièrement une fois la carnage terminé, allait donner une source réparatrice au fil du temps, dans les deux camps. Comme si j’imaginais que la vieille allait se refaire la scène et se rappeler de cette phrase « si je vous ai insulté c’est parce que. » C’est bien entendu sous-estimer la bonne foi des gens, qui n’en font qu’à leur tête et qui se foutent de savoir pourquoi j’ai réagi de la sorte. Après tout, elle aussi pense avoir raison, chacun fait en son âme et conscience et bien sûr, ce n’est pas le fait qu’elle m’ait traité de sale gosse ou de mal élevée dont elle se souviendra, mais mon attitude complètement je-m’en-foutiste (j’adore, dans ce genre de situation, ça énerve tellement que j’en jubile), à lui dire que c’était une morue. Ce genre de confrontation électrique, je la subis plus que je ne la gère, souvent, elle paralyse lorsque j’ai la sensation d’être face à quelqu’un qui me renvoie mes méchancetés comme un jeu de balle sur un mur trop épais qui ne fait écho qu’aux saloperies de phrases incendiaires qui marquent au fer rouge.

Mais ho, faut pas déconner, la vieille, je m’en balance moi, elle peut penser que j’ai tous les torts du monde, je l’emmerde elle et sa vieille peau et ma conscience ira très bien même avec cela.

Elle clôture la discussion en disant qu’elle va appeler la police et conseille au père de mon proprio de « lui dire qu’il en trouve d’autres des locataires. » Je rentre chez moi, je gueule le prénom de ma coloc qui sort en robe de chambre en soie blanche. Le fait de la voir dans cette tenue avec ses cheveux lâchés (je la trouve si belle ainsi) me coupe net dans mon élan d’énervement, comme si en la voyant, la tête encore endormie, me demandant avec ses gros yeux noirs ce qui se passe, et en étant persuadée qu’elle rigolera du récit, je redescends de mon nuage gris, et souris.

Le proprio me rappelle peu de temps après et me dit « si les flics arrivent, je suis de votre côté. »
Je crois que tout cela est tellement ridicule que j’en ris, la boule au ventre disparait laissant place à une gestuelle complètement timbrée « puis là puis là puis là ». Il me dit « mais vous savez, les vieux ils sont cons, faut pas toujours chercher à savoir ce qu’ils ont dans la tête. Vous savez, on se demande plus pourquoi la planète tourne si mal. »

Je me demande encore ce qu’il a voulu dire par là.
Une grosse connerie, très certainement.

16 juin 2010

Mes nuits sont plus belles que vos jours

Je suis au volant de ma voiture, j’avance. Je suis censée rentrer chez moi. Mais le ciel orangé m’en empêche. Me pousse à ne pas prendre cette sortie. A continuer, sans savoir où aller.
Les vitres sont ouvertes et le vent me cogne la figure. La musique remplie l’espace de cette petite caisse roulante, j’augmente les basses, je me roule une énième cigarette en prenant garde de ne pas quitter la route des yeux plus de trois secondes d’affilées, l’expérience m’ayant dissuadé de faire autrement.
Depuis cet accident, j’ai des flashs terribles. Certains représentent le choc, ce bruit violent qui est apparu de nulle part. La vision de la voiture qui m’a frappée qui s’enfonce dans l’arbre.
Puis, d’autres flashs, imaginaires, qui viennent percuter mon cerveau. La peur d’y passer dans un quatre roues est désormais très prégnante, je ne m’en détache pas.
Tant mieux, on me dit. « C’est en manquant de confiance qu’on roule prudemment. »
Tant mieux. J’ai maintenant l’impression de savoir que je vais finir par crever ainsi.

Un manque d’attention.
Ce serait tout moi.

La haut c’est comme j’aime, et cette phrase inscrite sur un sol parisien « Pourquoi gardez-vous les yeux uniquement rivés vers le ciel ? » Ce soir je peux y répondre, je ne me tourne vers le ciel que lorsque je me sens réellement à terre. Ce n’est pas une échappatoire, c’est une image, un reflet, de ce que je ressens dans toute cette matière vivante. Ce soir il ne me quitte pas, j’ai beau avancer à 150Km/h, il reste là, il se dessine, progressivement, et je souris.

Je n’ai aucune obligation. Je n’ai rien à faire. D’urgent, devrais-je dire. Personne ne m’attend. Personne ne se demandera où je suis passée avant un certain moment. Cette idée me conforte dans celle de foncer, sans me retourner. Pourquoi faire ? Je n’ai pas l’impression de manquer à qui que ce soit, et, dans l’absolu, personne ne me manque.

Une chose, peut-être. Parallèlement. Je ne danse plus. J’ai l’impression de trainer un corps qui se cogne à trop de pensées. Il est lourd, il va et vient, mais n’exprime rien d’autre que mon étrange méfiance vers tout ce qu’il y a de plus assommant : il s’effondre, il se crispe, il se secoue, il tremble et cogne, il marque. Ne vibre plus, à aucun contact, il est comme éteint, diminué.
Je voudrais utiliser ces énergies hostiles pour en produire une, inégalable. Monter sur scène, la musique à fond, danser pendant des heures, jusqu’à épuisement. La chute finale.
Cela me manque terriblement. Etre seule avec une musique qui transperce mes entrailles, me fait vibrer, me fait bouger sans que je commande quoi que ce soit. Il n’est pas vrai qu’il faille « savoir danser » pour danser. Des pas chorégraphiques servent à accompagner nos mouvements dans des élans mieux dessinés, prolongés, mais ils ne sont pas primordiaux pour s’exprimer. De toute façon, j’en possède assez pour accompagner mon corps sur des heures de différentes balades.
Seule, ou bien accompagnée. Je m’entends. Etre accompagnée d’un esprit similaire, visant l’objectif vital de s’étendre sur le son en s’oubliant. C’est rare, de pouvoir s’abandonner en compagnie de personnes. Aussi proches soient-elles. Aussi étrangères soient-elles.

Il l’est sans doute davantage lorsqu’on ressent avoir déjà rencontré celle qui nous fait le mieux décoller.
Ensemble nous projetions de réaliser des centaines de danse, et régulièrement, nous partagions les mêmes coups de cœur. Il était difficile de trouver le moment opportun pour s’exprimer. Très souvent bousculés par le rythme de la vie, des moments arrachés à d’autres, des sensations étranges qui nous envahissaient. Les fois ou ne nous parvenions pas à nous écouter, elles étaient terribles, elles laissaient un poids étrangement désagréable dans le corps, elles tapissaient l’atmosphère d’un silence de marbre dans lequel nous nous sentions heurtés, et nous nous séparions alors pour aller nous mélanger dans d’autres, vers ceux qui ne comprennent pas, car vers ceux qui ne se doutent pas que. Toutes ces fois sont arrivées lorsque nous étions entourés de monde. Des pensées qui viennent s’introduire entre nous qui ne pouvons pas les exprimer. Tant de fois c’est arrivé. Tant de fois aussi, les autres nous lançaient dans cette course démente, et lorsqu’il venait me chercher au milieu de nulle part pour m’amener danser, toujours avec son air de prétendant ringard qu’il imite à merveille et qui me fait toujours rire, j’abandonnais tout sur le champ pour le suivre. Cela dépendait ni de lui, ni de moi. Il n’a jamais suffit de souhaiter l’impulsion pour que, ni de prétendre être en état car le moral de l’un visait son apogée. Rien de tout cela, en réalité. L’intensité du contact qui s’établissait découlait bien d’un rythme effréné qui parvenait ou non à nous emballer pour que, lorsque nos yeux se croisaient instinctivement à l’écoute d’une musique qui éveillait une émotion commune, parallèle, notre sourire suffise à nous joindre et à partir de ce moment là, here we go.

Il est parti à l’autre bout de la planète, cela fait déjà plusieurs mois.
Je ne suis pas triste de son absence. Le contraire m’effraierait.
Je sais que je retrouverai ma paire une fois son retour entamé.
Mais je le sais, comme je sais que mes poumons reçoivent de l’air pour en rejeter.
C’est quelque chose d’ancré, mais dont je ne maîtrise pas tous les artifices.
Le sentir me suffit. Le contraire me rendrait dingue.

Il était là, l’autre soir, sans être réellement là.
Ce soir où je suis partie à un rendez-vous.
Vous y croyez ? Moi, difficilement. Je me revois encore en train de choisir mes habits, pas trop habillée, pas assez non plus. Jusqu’à l’arrivée devant ce pub, où j’ai envoyé un texto à ce galant bonhomme pour lui annoncer mon arrivée. Je me souviens m’être faite rire, toute seule. Sûrement le ridicule de la situation, le petit « je-ne-sais-pas-du-tout-ce-que-je-suis-en-train-de-foutre-mais-rien-que-cette-idée-est-plaisante ». J’avais l’air malin, tiens.
Un semblant d’écorchée vive-bien que vive n’était pas à la lumière de mon état- qui ne voulait pas du tout faire paraître quoi que ce soit.
Aucune envie de parler de mes amours déchues, aucune envie de laisser deviner que j’aimais encore.
Même moi, j’en doutais presque. Ca ne pouvait être de l’amour, tant ça cognait, en mal, et surtout, en silence. Ne pas partager, ne serait-ce qu’une infime partie de cette cicatrice ouverte, luisante, avec n’importe qui, ça non, les étrangers comme mes amis, je n’en voulais pas. M’entendre en parler, en criant en pleurant en murmurant, avait suffis à me trouver complètement absurde, tandis que je souhaitais être éloquente, symptomatique conviendrait mieux. Seule devant un mauvais rêve qui se répétait, un jour plus fort qu’un autre plus calme, uniquement dans ma tête, qui ne concernait plus un être cher confronté à mon esprit, mais bien mon âme perdue en elle-même. Et c’est ce qui faisait la différence.

J’en avais juste assez.

25 mai 2010

On a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour moi la prochaine défaite
Je sais déjà à l'entrée de la fête
La feuille morte que sera le petit jour
Je sais, je sais, sans savoir ton prénom
Que je serai ta prochaine capture
Je sais déjà que c'est par leur murmure
Que les étangs mettent les fleuves en prison

Mais on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Ne vivra pas jusqu'au prochain été
Je sais déjà que le temps des baisers
Pour deux chemins ne dure qu'un carrefour
Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour moi la prochaine des guerres
Je sais déjà cette affreuse prière
Qu'il faut pleurer quand l'autre est le vainqueur

Mais on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau faire, on a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

Je sais, je sais que ce prochain amour
Sera pour nous de vivre un nouveau règne
Dont nous croirons tous deux porter les chaînes
Dont nous croirons que l'autre a le velours
Je sais, je sais que ma tendre faiblesse
Fera de nous des navires ennemis
Mais mon cœur sait des navires ennemis
Partant ensemble pour pêcher la tendresse

Car on a beau faire, on a beau dire
Qu'un homme averti en vaut deux
On a beau dire
Ça fait du bien d'être amoureux

[ Le prochain amour - Jacques Brel - 1961 ]

20 mai 2010

Peut-être une angine ?

Je suis en colère. En colère contre tous ces trous du cul qui ne comprennent définitivement rien à rien et qui perdurent dans leur connerie. Aujourd’hui c’est le cirque, hier c’était la débandade et demain ce sera l’explosion. Vous m’entendez ? S’il y a bien un truc qui m’épuise, c’est entendre rechigner les gens à propos de leur malheur, leur malheur d’être en vie. Les mêmes qui en fait gâche la moitié de leur temps à dire qu’ils vont finir par disparaitre. Alors je veux bien, oui, entendre que tu es né dans un trou à rat, que tu n’as aucune reconnaissance de tes proches, que ta vie estudiantine touche à sa fin et que tu te fais dans le froc à l’idée de devoir te caractériser parmi une troupe de débiles que tu suivras à la trace tout au long de ta misérable vie, une longue trace noire. Quand bien même tu n’as pas eu de chances, quand bien même tu n’as pas de bol, tu es littéralement dans la merde et tu as peur de finir en marge, faut savoir ce que tu veux, tu rentres dans le moule ou tu en sors, mais viens pas afficher ton dégout pour l’existence à chaque opportunité, cesse de t’afficher comme un apprenti suicidaire parce que ce genre là, crois moi, ça ne m’évoque aucune pitié ni compassion, si tu préfères. Je respecte les gens qui se foutent en l’air un beau matin en laissant tout le monde derrière eux, je respecte ceux qui tombent au fond du gouffre parce qu’ils ont échoué lors de la sauvegarde de leur dernière perfusion, je comprends ceux qui se laissent aller parce qu’ils ne voient pas d’autres issus, mais je déteste par-dessus tout ceux qui viennent polluer les esprits avec leur discours sur la solution ultime, apprenti suicidaire je dis. Tu veux te buter ? Fais le, mais va pas placarder ma porte de tes images morbides pour que même mes voisins de palier sache que tu dérailles. D’une, les gens en ont strictement rien à foutre, il parait, c’est bien connu, que les problèmes des autres on les entend jusqu’à un certain point, jusqu’à ce que notre altruisme atteigne ses limites et qu’on s’emmerde royalement à t’entendre pleurer sur tout et n’importe quoi. Les problèmes des autres, ils alimentent les miens, ils viennent s’y confronter, et peuvent même me faire relativiser, parfois. Tu vois, comme je peux être conne moi aussi, à devoir attendre que quelqu’un aille définitivement plus mal que moi pour que je cesse de geindre à tout bout de champ. N’empêche que je relativise systématiquement car je déteste les pleurnichards et passer ma vie à déprimer sur ma propre existence ça me rendrait tout simplement barjo. Pas pour autant que je ne dépasse pas le bout de mon nombril, je sais aller vers les gens et je peux même m’écarter, m’écorcher pour me rapprocher d’eux. Mais toi, vieille ruine, si en plus de te confier à tes amis et de leur prendre du temps et de l’énergie, tu clames haut et fort que le suicide est une porte de secours, mais bordel, vas-y. Tu ne voudrais pas non plus emmerder la terre entière avec tes convictions et que le jour où tu t’exploses on en vienne à ressentir quelconque culpabilité ? Qu’est-ce que tu cherches, au juste ? J’ai vu trop de gens partir, murés dans leur silence et leur mal être, trop de gens complètement paumés qui ont juste pété un plomb, trop de gens effrayés par la vie, abimés, qui sont partis du jour au lendemain, sans prévenir, me laissant sur le cul avec, en plus d’une pensée inestimable que tu confectionnes tout au long de ta vie à leur égard, un gout très amer dans la bouche, pour que j’en vienne à te regarder te bousiller petit à petit et applaudir le jour du feu d’artifice. Je comprends que très peu cette addiction qu’ont les dépressifs entre eux à s’échanger leur discours morbides et à s’unir dans le royaume des aveugles éclairés. Je sais pas, je suis pas professionnelle et j’aime que très moyennement jouer la psy, mais les gars, c’est pas censé vous aider que de vous trainez entre vous vos déclarations suicidaires et d’établir des échelles de comparaison. Oui je sais, ça ne se passe pas du tout comme ça, je suis juste une sombre idiote et méchante. Mais tout de même, faut sortir de votre trou, ça n’arrange personne de rester dans le même troupeau ni de constater que le malheur est partagé, similaire, inébranlable. Y’a aucune fierté à beugler que la vie est une pute et qu’il vaut mieux être au fond du trou, non vraiment n’insiste pas trop là-dessus car je crois que j’aurais très envie de te mettre un pin dans la gueule. Remuez-vous, ne restez pas enfermés dans vos certitudes et que le bas blesse, crachez vos médicaments, cessez de trouver réconfort dans des paires déséquilibrées car grande nouvelle ! Nous sommes tous névrosés et nous nous demandons tous un jour ou l’autre l’intérêt de lever son cul tous les matins de son nid douillet. Pas pour autant qu’on est destiné à se foutre tous en l’air, ni à passer notre temps à dire qu’il vaudrait mieux le faire. Qui n’a jamais connu le fond du gouffre, n’est amputé d’un membre, a connu la guerre, la prison ou la machine folle juridique ne peut avoir une vision assez noire pour se positionner comme un savant ordinaire « moi je sais moi je moi je moi je PANPANPAN ». J’ai tendance à trouver les gens dépressifs un minimum égocentrique, c’est plutôt dommage, de se perdre dans sa propre image, et de ne savoir plus que parler d’elle, la manier avec des mots et des idées, et ressentir un écart considérable avec l’autre, quelque chose qui fait que « tu es différent ». Mais bien sûr, tu l’es ! Mais qui es-tu, face à toi-même ? Qui sont-ils, loin de toi ? Que fais-tu, sans eux ? Pleurer tout seul, fatiguant, non ? Alors, si tu as encore de l’énergie à puiser dans tes beaux discours, fonce, adoucit les mœurs, considère ton prochain comme celui qui peut chuter de la même manière que toi, ne le regarde pas comme un reflet maussade de l’existence, tu ne vaux pas mieux que n’importe qui, et tu ferais bien de te remuer car personne ne peut rien pour toi.
Et l’autre, avec ses idées bizarres, qui viennent me cogner le cerveau. Mais bordel, j’en ai rien à foutre qu’elle aille tapiner son cul ailleurs, qu’elle fasse les yeux doux à tout va pour en suite jouer la sainte nitouche. Je déteste les beaux parleurs qui alimentent leur égo à coup de moi je moi je moi je PANPANPAN. Bande de connards avertis, si vous avez besoin de sentir que vous plaisez jouez au moins franc jeu, n’allez pas débattre toute une vie pour des choses qui ne verront jamais le jour. Vendre son cul comme des pommes frites. Cette phrase me plait. Pas autant que les petits cons qui vont se mettre en avant, eux et leur idylle dont il ne savent à priori rien de vrai, mise à part la barrière qui tombe lorsqu’ils doivent assumer leurs actes. « Je suis avec quelqu’un ». Je ne suis avec personne, et je fais ce que je veux. Rien ni quiconque ne m’arrêtera si j’ai envie de sauter sur quelqu’un pour le démolir à coup de tendresse ou de marteaux piqueur dans la gueule. Je ne suis avec personne et j’alimente mon amour qu’à travers mes maux, si jamais tu es en manque j’en ai à revendre. De l’affection ? Qu’est-ce que cela signifie ? Je n’ai jamais été en manque d’affection et j’en ai assez pour guérir toute une tribu d’orphelins. Pas pour autant que je vais jouer la déséquilibrée pour les attirer. Les gens viennent à moi tout seul et je sais les accueillir comme il se doit. Je suis quelqu’un d’aimant et si tu penses le contraire c’est que t’es qu’un foutu connard. Oui oui oui. Je n’ai confiance qu’en très peu de gens et j’ai déjà trop souffert pour jouer les sentimentalistes, je vomis l’espoir et l’avenir, je prends je donne je prends je donne et si je sens qu’on se fout de ma gueule, j’explose.
« Moi quand on m’en fait trop j’correctionne plus, j’dynamite... J’disperse... Et j’ventile.."
Mais bordel y’a que ça de vrai, l’amour, quand ça te prend aux tripes et que tu soulèverais une demi-tonne pour aller chercher ce qui peut te faire tressaillir au point de perdre toute conviction. Vous m’emmerdez, avec vos histoires fluettes et vos petites ambigüités. Je ne sais pas ce que vous cherchez en agissant ainsi, bien qu’à vous entendre vous avez toutes les bonnes intentions. Et mon cul, c’est du Mc Chiken ? Problème d’égocentrisme exacerbé, bande de petits vicieux menteurs, vous jouez avec le monde comme si c’était une maquette de poly pocket. J’espère bien que vous crèverez au moins une fraction de seconde la bouche ouverte, que je puisse venir cracher dedans, avec toute mon affection, entendons-nous bien.
Je n’ai jamais trompé quelqu’un, ma mère a tendance à dire que je suis extrêmement fidèle. Idiotie comparable à vos petites manigances, quand on voit où cela peut mener.
J’ai juste besoin de sentir que je ne suis pas la reine des connes au sommet des trous-du-cul paumés. Et si je ne peux pas le ressentir avec vous, j’irai chercher ma perle ailleurs, car je crois en la parole de l’homme et je refuserai de me dire que toutes vos sales actions sont dictées par je ne sais quelles attentions bidons, elle n’avait qu’à me dire qu’elle avait envie de le voir, au lieu de me sortir qu’elle devait lui fournir des documents pour le boulot. Qu’ils sont cons, certains gens, vraiment. Et quand je lui demande pourquoi elle a menti, elle me répond que c’était pour me protéger. Me protéger ! Que c’est mignon ! Me protéger de quoi au juste, connasse, si je n’ai rien à craindre ? Ce n’était pas plutôt, te protéger, toi ? Si tu n'es pas clair dans ta tête, c'est pas mon problème, j'en ai strictement rien à foutre de tes doutes tant que tu les déguiseras en mensonge ou attention malencontreuse. Mais bordel, soyez honnêtes, ça ne coûte rien, et vraiment, mieux vaut craindre quelque chose qui est susceptible d’arriver plutôt que de s’en apercevoir plus tard et de s’abattre dans la haine, le dégout.
Et merde, j’en dis trop, c’est du grand n’importe quoi, vous me faîtes joliment perdre la tête, elle tourne, mais dans le mauvais sens. Et puis il est où mon mec, bordel ? Qu’il vienne me serrer dans ses bras en me disant qu’il me veut tout le bien du monde, et qu’il va prendre soin de moi, de nous.
De « nous », c’est plutôt joli, quand on y croit,
Et que c'est vrai.

19 mai 2010

What the fuck ?

| Nota Bene | Donner un sens à tout çela.

02 mai 2010

"Il ne se passe pas de jours que nous ne menions à l'abattoir les plus purs de nos élans."

- C'est pourquoi nous éprouvons une telle souffrance au coeur quand, lisant telles phrases jaillies de la main d'un maître, nous les reconnaissons pour nôtres, nous y reconnaissons les tendres pousses dont nous avons étouffé la croissance par manque de foi dans notre propre force, dans nos propres critères de vérité et de beauté. Tout homme qui laisse la paix descendre en lui, qui s'abandonne face à lui-même au désespoir de l'honnêteté, trouve la force d'émettre de profondes vérités. Nous coulons tous de même source. Aucun mystère ne dérobe l'origine des choses. Nous participons tous de la création, nous sommes tous rois, poètes, musiciens : il n'est que de nous ouvrir comme le lotus pour découvrir ce qui était en nous. -

27 avril 2010



Overhead the albatross hangs motionless upon the air
And deep beneath the rolling waves in labyrinths of coral caves
The echo of a distant tide
Comes willowing across the sand
And everything is green and submarine
And no one showed us to the land
And no one knows the wheres or whys
But something stares and
Something tries
And starts to climb towards the light

Strangers passing in the street
By chance two separate glances meet
And I am you and what I see is me
And do I take you by the hand

And lead you through the land
And help me understand the best I can
And no one calls us to the land
And no one crosses there alive
And no one speaks
And no one tries
And no one flies around the sun

Cloudless everyday you fall
Upon my waking eyes
Inviting and inciting me to rise
And through the window in the wall
Comes streaming in on sunlight wings
A million bright ambassadors of morning

And no one sings me lullabies
And no one makes me close my eyes
And so I throw the windows wide
And call to you across the sky

25 avril 2010

Remuez-vous, taille 40.

Madame,

Je me demandais bien ce qui pouvait expliquer ce silence.
Puis, après avoir saisi quelques éléments du passé, j'en ris.
Bien que sur le coup, ce ne fut pas le cas.
Certains me disent que ce que je veux communiquer est inutile.
Ce sont les mêmes qui souillent les principes soulignés ici.
Certes, ce ne sont que les miens.
Ce qui m'octroie cependant le droit de penser de vous tout ce que je désire.
Et ce qui me révulse.
Tout cela ne reste qu'entre nous,
Et entre nous, "on se comprend".

Bien tenté, sinon.

09 mars 2010

Je le sais parce que Tyler le sait.

Les vaches sont bien gardées.
Les cochons s'engraissent et le loup n'est finalement pas so strong.




Imbécile.

07 mars 2010

La fabrication des souvenirs

Parce que certaines musiques rythment certaines journées et en deviennent le principal repère dans le temps.

Aujourd'hui : After Laughters come tears, Wendy Rene.

25 février 2010

Max Weber et les coercitions physiques

Il ne peut exister de stabilité dans la domination que si les gens dominés accordent une légitimité à ceux qui les dominent.


" - Nous acceptons tous la domination." dit le maître savant.
" L'existence d'une hiérarchie au sein d'une société ne peut apparaître qu'à travers l'octroiement d'une légitimité du côté des dominants, soulignant la légitimation chez les dominés.
J'accepte le fonctionnement du système. Vous aussi l'acceptez."


Et bien je ne sais pas vous, mais moi, j'accepte qu'on m'offre un verre, même deux, qu'on m'invite à rester manger, j'accepte aussi les chèques cadeaux, les textos en pleine nuit, que mon chat me réveille systématiquement chaque matin à 7H30 pour sa gamelle pour après avoir bien mangé, venir se frotter à moi comme un forcené et ronronner à m'en casser les tympans, j'accepte de devoir me laver les dents chaque soir pour entretenir une hygiène convenable même si j'avoue parfois accepter sans trop de difficulté m'endormir toute crasseuse dans un lit propre, j'accepte aussi de dépenser plus d'un billet par mois à McDonalds, je fais même des efforts pour accepter la musique d'Arielle Dombasle à la coloc .. J'accepte de devoir supporter des gens qui m'insupporte, de lever mon corps de ce lit chaud chaque matin pour aller étudier. (Mais pas les cours de 8h30 quand même! "zobi!")

Mais je ne sais pas si j'apprécie entendre que j'accepte cette domination et de ce fait, la société. Je ne sais pas non plus d'ailleurs, si le fait d'annoncer raisonnablement qu'on l'accepte ne démontre pas au fond déjà, une certaine position dominatrice, affichant une pensée connaisseuse du système et de son essence, face aux plus dominés dépourvus d'un tel raisonnement.


Mais sinon, vous acceptez, vous ?


Comme tout le monde, c'est ça ?
" Unum cata unum ".


D'une manière ou d'une autre, on est des participants.
Vie sociale ? On y est presque, tous.

Et Maintenant ?



" Allez cass'toi pôv'con "

19 février 2010

Rire d'un miroir C'est rire de tout.

Qui, est, le plus fragile ?


[ Je dis Aime. Matthieu Chédid, 1999 ]

30 janvier 2010

Rue Kléber

Je sens son regard sur le mien alors que j’observe son appartement dans les moindres détails.

Au-dessus de son lit est affichée une gigantesque carte du monde, sur laquelle il a ajouté plusieurs données : courants maritimes, monnaies, une citation pour chaque pays, et des photos miniatures d’hommes et de femmes. Il me dit que ce sont des repères, il a rencontré tellement de personnes différentes au cours de ses voyages, que pour les reclasser dans le temps, il a choisi de les coller sur les pays correspondants à l’endroit de leurs rencontres. Je lui demande s’il lui est arrivé d’en recroiser une fois rendu dans d’autres pays. Il me répond que oui, que le plus amusant, c’est qu’en créant des liens avec certaines personnes, il est souvent mené à rencontrer les amis de ses amis, les connaissances se multiplient, donc, et les chances de connaître des gens une fois rendu à un endroit s’agrandissent de voyage en voyage. Tous ces visages représentent une même famille pour lui.
Celle de l’aventure et des découvertes. Il me demande si j’aime voyager. « Je ne sais pas » dis-je, je n’ai jamais vraiment voyagé. Bientôt, peut-être.
Il sourit.
De l’autre côté du mur se trouve un poster des Simpsons représentant tous les personnages de la série. Il s’est amusé à dessiner des bulles de discussions à partir du rôle de chacun et de leur expression de visage sur le dessin. Je prends tout mon temps pour décrypter son écriture. Les dialogues sont subtils, certains décalés, le ton est comique.
Je l’imagine fouillant dans son esprit et écrivant ces dialogues au feutre fin, en tirant la langue, pour mieux s’appliquer.
Ce qui me fait sourire, en silence.

Il me demande si j’ai faim, mais je n’ai pas faim. Il m’indique que ce n’est pas parce qu’il est non fumeur que je dois me priver, pourtant, je ne sais pas si c’est cette pièce, remplie de bougies et de vêtements propres, ou si c’est tout simplement moi, mais je n’ai aucune envie de fumer, depuis déjà plusieurs heures que je suis à ses cotés.
Il s’étale sur le lit en sautant dessus comme un gosse et allume sa chaine hifi au même moment. Un air plutôt pop-rock remplit toute la pièce. D’abord très fort, le temps qu’il se défoule en tapant le rythme sur son oreiller, puis il baisse la musique et me demande si je vais bien. Pour la troisième fois, oui. Je vais bien.
Et même si je n’allais pas, tu serais le dernier à en être informé.

Je veux que tu te tiennes à ce que tu as en face de toi à cet instant précis, soit une jeune fille, plutôt jolie -enfin, je ne fais que reprendre ton mot - qui était en fait, « belle. » Une belle fille, donc, qui ne pose pas de questions trop indiscrètes, qui ne te contredit pas, ou très peu, qui t’écoute et t’observe, en silence. Une jeune fille qui ne te contrarie pas avec des questions mirobolantes, et même si tu peux, parfois, sentir qu’elle te regarde avec de gros yeux ronds elle ne te posera jamais de problèmes concernant le désir pressant et soucieux de discuter d’un éventuel avenir relationnel avec toi.
Une fille qui se fout même de savoir ce qui t’intéresse en elle.

« Désolée » comme on dit. Même si je ne le suis pas du tout. Je ne vais pas être désolée de t’épargner un calvaire. Et moi avec.

En aucun cas, je veux te raconter mes malheurs, mes mauvais rêves, mes doutes, tout le bordel qu’il y a dans ma tête. Je ne voudrais surtout pas que tu interprètes mes dits pour en suite te bâtir une image de moi complètement faussée par je ne sais quelle a priori qui fait que, lorsqu’une est personne est attirée par une autre, tout ce qu’elle voit en elle lui semble être quelque chose de familier, attirant, donc interrogateur, donc séduisant.
Je ne voudrais pas que tu finisses par te perdre dans un reflet. Moi avec.
Les gens amoureux ont tendance à acquérir une certaine force merveilleuse qui les mène à se frayer un nouveau chemin qu’ils bâtissent en pensant être des élus de Cupidon.
Dangereux pour la santé.

On se ressemble, il est possible, mais il ne sera jamais légitime qu’un autre que moi accepte mon côté paranoïaque, ma tendance (un peu) hystéro parfois à gérer des conflits, créés souvent par l’hystérique en question, mon ton parfois (un peu) trop agressif, mes allures de garce grande ambassadrice et envahissante d’esprits molletonnés, mon humeur capricieuse (même si elle est putainement malléable, faut juste la saisir, mais même ça, je parierai pas dessus), mon addiction pour la procrastination et toutes les emmerdes que ça peut engendrer, mon côté rebelle (en plus de la génération « girl power ») contre toute forme d’appartenance à un milieu, mon refus catégorique d’accepter la conception même d’une hiérarchie (problématique, trouvez-vous ? ), mon amour démesuré lorsque j’. bref, je ne veux pas laisser une seule once de ma personne dans cette pièce. Je ne veux rien te donner qui puisse te guider sur ces pistes. Car après tout, si je me dessine autrement avec toi, peut-être est-ce parce que je suis aussi une autre, parfois ?
Tu kiffes, là, le côté schizo ? Ca va, j’arrête.


Je suis seule avec mes fantômes, face à ça tu n’es rien. Le néant. Et ne peux rien pour moi.
Ni toi, ni tes yeux qui pourraient me faire fondre, tant ils sont sombres et ton regard est profond. Ni ce visage couleur caramel, que je trouve parfait à mon gout, ou tes allures de bad boy converties ce soir en maître de cérémonie.
Non, ce n’est pas une histoire de se faire du mal. En fait, je ne pense même pas à l’idée que tu puisses me blesser, qui pourrait prendre l’air d’un contre argument à l’aube d’une nouvelle histoire (facile, mais tellement vrai… )
Je n’ai pas de place pour toi dans ma tête. Il y a déjà assez de visages. De noms. De pensées.
Plus envie de convaincre ni d’être convaincue.
Je n’ai surtout besoin d’aucune preuve sur l’éventuelle tournure que pourrait prendre telle ou telle relation, sous tel ou tel rapport. Gavée des mêmes scénarios.

Oui, je comprends ce que tu dis. Je pourrais dire la même chose.
Je ne peux juste pas aujourd’hui.

Je sais ce que j’ai perdu, et ce que je ne voulais pas perdre.
Et j’avorterai toute situation qui pourrait me rendre ce plongeon.
Si les autres veulent en profiter, qu’ils en profitent.

Tu me demandes combien de temps cela fait.
Comme ça, d’un coup.
Je ne réponds pas. Je baisse mon regard sur mes mains, que je trouve soudainement très intéressantes.
Tu me demandes si ça c’est mal terminé.
Je ne réponds toujours pas.
D’abord, je réfléchi.
Sur quelle échelle de mesure dois-je évaluer les dégâts causés par une rupture ?
Si on se sépare sans se taper dessus, c’est un point de gagné ?
Si on se quitte avant que l’un d’entre nous n’ait entamé une nouvelle relation, c’est + 1 ?
Si on part d’un commun accord, et que du jour au lendemain, on ne s’adresse plus la parole, on ne se regarde plus, - transparence -, c’est plus ou moins ?
Si on se quitte alors qu’on s’aime encore ? C’est juste… tragique ?

Alors, je ne réponds toujours pas.
Mais je lui demande, j’ai l’air d’un martyre ou quoi ? Non non, dit-il doucement, tu as juste l’air d’être ailleurs.
J’y étais.
Je reviens à la réalité en plongeant mes yeux dans les tiens.
J’augmente le son de la chaine.
Dans un mouvement de contestation qui m’informe que les voisins se vengeront très tôt le matin et qu’en suite le battle d’hifi concernera tout le bâtiment, tu me fais signe de me rapprocher.

Ma tête colle le haut de ton bras, mes yeux le plafond. Ta main se balade doucement tout le long de mon crane, descend jusqu’à la nuque et remonte, seul et unique mouvement de la pièce.
En silence.
Tu respectes le mien et tu n’imagines pas comme cela me met à l’aise.
Tu vois, il ne suffit de presque rien.
Ne pas me bousculer trop tôt, voilà tout.