30 octobre 2009

Ce que la bouche s'accoutume à dire, le cœur s'accoutume à croire.








Charles Baudelaire.

03 octobre 2009

..but love's the only engine of survival

Je n’arrive pas à croire que nous soyons dans la même pièce.
Je n’arrive pas à croire que nous soyons dans la même pièce.
Il est là. Je suis là. Nous sommes vivants.
Parmi eux.
Il a suffit que le rouge m’effleure, je dois dire que je ne me sens pas très bien.
Toutes ces années, ce poids, cette vie, toutes ses pensées, ces maux, pour qu’il disparaisse, qu’il ne m’atteigne plus, qu’il sorte de ma vie, qu’il meurt.
Qu’il meurt, qu’il n’existe plus, qu’il ne puisse plus me croiser, en chemin.
Me prendre la main, m’ouvrir les yeux, me blesser, me tourmenter.
M’aimer.
C’est ce qu’il disait.
Nous ne devions plus nous voir. Nous ne devions plus parler de nous. Nous devions oublier.
Pas vivre avec. Oublier.
C’est ce qu’il disait.
Moi je n’oublie pas, j’enterre, j’enterre. Tu veux sortir de ma vie ? Pour cela, je vais d’abord t’aimer.
T’aimer comme jamais, t’aimer à me détester, t’aimer à me pourrir, t’aimer.
T’aimer à en pleurer, puis de la haut, notre ciel, nous regarder.
Toi qui refusais d’y descendre. Il le fallait.
C’est ce que je disais.
T’aimer à en mourir, pourquoi mourir ? Qu’est-ce que nous valons, si nous disparaissons ?
Tu ne les aimes pas, mais sans eux, qui sommes-nous ?
Qui suis-je, pour te faire changer de chemin, d’envie, de vie ? Qui suis-je, pour te dire qu’il est trop tôt pour partir ? Que sais-je, pour te dire que les choses vont changer ?
Que sommes-nous, une fois achevés ?

Il n’a pas changé. La boucle dorée a laissé place à un crâne rasé, dégarni.
Bijou, brille.
Son corps, toujours perdu dans de trop larges habits, est adossé au mur.
Je n’arrive pas à croire que cette matière soit vivante.
Je n’arrive pas à croire que mon esprit ne me joue pas de tours.
Cette fois-ci.
Un mur.
Il me surprend en train de le regarder, lorsqu’il allume sa cigarette.
Ce ne sont plus les mêmes.
Il faut tout changer.
C’est ce qu’il disait.
Une flamme sort du briquet.
Un regard furtif échangé. Profond.
Je fonds.
Son sourire a toujours l’air narquois, sauf quand il s’adresse à moi.
Il ne sourit pas.
Je ne me sens pas très bien mais je sais que ma place est ici.
Mon ventre, mes jambes, mes mains, mon cœur.
Mon sexe.
Je ne me sens pas très bien mais je sens que ma place est ici.
Tout remue, tremble, transpire, se réchauffe,
Et palpite.
Je ne sais plus qui je suis, ni ce que j’ai entrepris jusqu’à maintenant et pourquoi l’ai-je fais.
Je sais juste que c’est une partie de ma vie, ce soir je n’arrive plus à l’identifier.
Puis il y a cette moitié, dont je me suis éloignée, qui m’apparait désormais en entier.
J’entends des voix autour de moi, mais mon cœur crie plus fort.
Je retiens mes jambes de ne pas m’amener valser, j’occupe mes mains en les faisant rythmer.
Mes lèvres doivent saigner, c’est décidément toujours aussi fort.
Seule la musique qui entoure la pièce transperce mon corps.
Je ne retiens de ce moment qu’une éternité.
Un plongeon sans fin, durant lequel mon corps entier est oppressé, perturbé,
Vivant.
Un plongeon sans fin, durant lequel mes yeux n’enregistrent que ses yeux.
Et mes oreilles, cette voix, mon cerveau et ces mots qui chantent
Ah, the moons too bright
The chains too tight
The beast wont go to sleep
Ive been running through these promises to you
That I made and I could not keep
Ah but a man never got a woman back
Not by begging on his knees
Or Id crawl to you baby
And Id fall at your feet
And Id howl at your beauty
Like a dog in heat
And Id claw at your heart
And Id tear at your sheet
Id say please, please..

C’est étrange la vie, parfois. Il fallait que cette chanson vienne nous heurter.
Il fallait que nous nous retrouvions l’un en face de l’autre, afin qu’aucun des deux n’ose changer de place.
Se retrouver là, ce soir, parmi eux. Eux qui ont contribué à ce que nous soyons Nous. Eux qui nous ont donné envie de.
Disparaître.

En cinq années je ne l’ai jamais croisé. Son image apparaissait souvent, sa voix et son regard continuaient à me caresser, je rêvais tellement de le frôler qu’il m’est arrivé d’halluciner. Dans la rue, en voiture, dans la nuit, toute ma vie je pensais que c’était lui.
Lorsque je me rendais à certains endroits, je priais notre Ciel pour qu’il s’y rende aussi.
Mais non. Jamais. Nous ne devions plus nous voir, il continuait à le penser.
Est-ce que ce Ciel est trop cruel ? A-t-il eu raison de Nous ?
Faire croire.
Cinq années passées pour se retrouver ici.
Je ne me suis pas sentie aussi bousculée depuis des siècles.
Je ne sais pas où je vais, mais j’ai envie.
Je ne pense pas à me blesser. Je ne pense pas à me protéger.
J’ai envie. Quoi qu’il arrive.
Je connais. J’ai vu. J’ai vécu. Lui.
Et je reste là.
Parmi eux.
Que veut-il désormais ? Pourquoi reste-t-il là, pour qui est-il là, lui qui ne supportait pas ?
Le monde, ces figures, ces voix.
Tout me revient.
Et moi ?
Où vais-je aller, désormais ?
Et qui est-elle, pour lui, cette poupée barbie qui a le droit de mettre sa main dans la poche arrière de son jean sans qu’il fronce un sourcil ?