23 juillet 2010

Je t'aurais cruellement aimé, Jim.

Dans tout les poèmes il y a des loups
tous sauf un,
le plus beau de tout les poèmes.
Elle danse dans un cercle de feu
et rejette le défit d’un haussement d’épaule ...

21 juillet 2010

On The Problematics Of Deconstruction



" Each time that I write something, and it feels like I’m advancing into new territory, somewhere I haven’t been before, and this type of advance often demands certain gestures that can be taken as aggressive with regard to other thinkers or colleagues – I’m not someone who is by nature polemical but it’s true that deconstructive gestures appear to destabilize or cause anxiety or even hurt others—so, every time that I make this type if gesture, there are moments of fear. This doesn’t happen at the moment when I’m writing. Actually, when I write, there is a feeling of necessity of something that is stronger than myself, that demands that I must write as I write. I have never renounced anything I’ve written because I’ve been afraid of certain consequences. Nothing intimidates me when I write. I say what I think must be said.
That is to say, when I don’t write, there is a very strange moment when I go to sleep. When I have a nap and I fall asleep. At that moment in a sort of half sleep, all of a sudden I’m terrified by what I’m doing. And I tell myself : “You’re crazy to write this!” “You’re crazy to attack such a thing!” “You’re crazy to criticize such a person.” “You’re crazy to contest an authority, be it textual, institutional or personal.” And there is a kind of panic in my subconscious. As if .. what can I compare it to ? Imagine a child who does something horrible, Freud talks of childhood dreams where one dreams of being naked and terrified because everyone sees that they’re naked. In any case, in this half sleep I have the impression that I’ve done something criminal, disgraceful, unavowable, that I shouldn’t have done. And somebody is telling me “But you’re mad to have done that.” And this is something I truly believe in my half sleep. And the implied command in this is : “ Stop everything! Take it back! Burn your papers!” “What you are doing is inadmissible!”
But once I wake up, it’s over.
What this means or how interpret this is that when I’m awake, conscious, working, in a certain way I am more unconscious than in my half sleep. When I’m in that half sleep there’s a kind of vigilance that tells me the true. First of all, it tells me that I’m doing is very serious. But when I’m awake and working, this vigilance is actually asleep. It’s not the stronger of the two.

And so I do what must be done. "

18 juillet 2010

Je ne voudrais que des bobos popotes.



Il faut que je vous parle d’Etan.
Tout d’abord parce qu'il porte un prénom merveilleux.
Classé dans la catégorie des noms doux qui se prononcent fabuleusement entre mes lèvres.
Etan est un garçon, âgé de 26 ans.

Lorsqu’on demande à Etan ce qu’il fait dans la vie, il répond qu’il est admirateur du néant.
En fait, il étudie la philosophie en même temps qu’il persévère dans des études de droit.
Allons bon.
Etan est aussi un classieux serveur, qui sait porter des plateaux de 10 kilos tout en dansant la polka.
Atrocement souriant avec la clientèle, il se retrouve chaque jour avec des pourboires monstrueux.
Pourtant, Etan passe son temps à dire qu’il en a marre, et qu’il partira.

J’ai rencontré Etan un soir de débauche où je traversais la ville avec Gwadale pour trouver quelque chose à me mettre sous la dent. Quelque chose de vivifiant qu’on avait envie de savourer ensemble, car Gwadale et moi, c’est une vieille histoire, et entre Gwadale la poudre et moi, c’est une aussi vieille histoire. Passant du statut de nones moralisatrices à celui de fêtardes abusives, cela faisait des mois entiers que nous n’avions pas salué ensemble ce que nous avions tant aimé découvrir à deux.

Ce soir là, j’étais en repos pour encore 24H, et Gwadale m’avait presque ordonnée de dormir chez elle, dans son 20m carrés bordélique, devrais-je dire son four. N’ayant pas besoin de me faire prier, je n’ai plus de toit dans cette vieille cité bordelaise et y vais désormais en touriste, avec mon sac et ma guitare comme dirait Francis, dans la certitude de trouver une porte qui s’ouvrira sûrement.

Comme cela fait parti du deal, les produits illicites sont toujours générateurs de faux plans/faux espoirs et soirées improvisées. Encore une chose que j’avais oublié avec Gauffre, tant Gauffre avait de contacts et surtout, le flaire pour dénicher les meilleurs trucs au bon moment. Mais ce soir-là, c’est lui qui nous a plantées à la dernière minute, après une journée de dur labeur qui l’a empêché une fois débauché d’aller trouver ses complices coursiers.
Tant pis, nous irons prendre l’air. Cela fait déjà trois heures que nous cuisons à une terrasse sans arrêter de parler, nous pouvons bien poursuivre nos conversations ailleurs.

Voilà qu’on arrive devant ce vieux cinéma bordelais tant réputé.
Pourquoi pas ici, après tout ? Cet endroit est rempli de bourgeois et de jeunes pimbêches en décolleté buvant des mojitos, et la bière est la moins chère du coin. On pourrait tenter de se fondre dans le décor, puis, j’ai envie de lire le programme, au cas où j’aurais l’idée d’inviter quelqu’un partager un film ou deux.

Tiens. Voilà qu’à peine assise, une jeune fille me bouscule, sans faire exprès.
Elle allait visiblement retrouver son père et était sur le point de lui sauter dessus.
Ce visage me dit quelque chose.
Ha, quelle étrangeté. C’est l’ex de. , dis-je à Gwadale. Elle travaille à côté en fait, c’est logique.
Je m’épate de savoir la reconnaître alors que je ne l’ai jamais vue auparavant.
La magie d’internet et ma mémoire sélective qui ne ferme pas les yeux sur certaines photos.
Elle a un air bien particulier. Un visage de maligne, je trouve. Quelque chose de lumineux dans son sourire. Elle a l’air tellement heureuse de voir son père. J’aime bien comme elle est habillée. Un sarouel et une chemise légère. Je l’envie, je crève de chaud sous mon petit pull.
Du coup, nos regards se croisent pendant un certain moment, et je finis par détourner le mien. Je n’aime pas cela, je sais qui elle est mais elle ignore qui je suis. Restons-en à ce qu’elle voit, une parfaite inconnue.
Gwadale me regarde, on sourit.

L’entrevue ironique nous mène à parler chiffons et serviettes, à vitesse grand V, sans limites et retenues. Gwadale est en pleine crise sentimentale, elle flippe car elle ne sait pas dire si elle aime ou non son mec. Je lui dis qu’elle se pose les mauvaises questions, et surtout, que ce sont de mauvaises raisons qui lui font se les poser. En fait, ma réponse ne fait pas l’unanimité. J’imagine coloc m’entendre dire cela, et je sais que pour elle et sa manière de fonctionner, il est évident que savoir poser des mots sur des sentiments est quelque chose de primordial, encore plus lorsqu’on partage sa vie avec l’autre depuis presque deux années. Le contraire serait le début d’une trahison car malhonnêteté car perdition.

Moi, je fais des tours de bras dans le vent.

Je ne sais pas ce que je ressens, je sais seulement que je ressens. C’est ma pile, mon repère. La seule distinction que j’arrive à faire, c’est reconnaître si je suis sur la voie de.
Car. Soit. Papillons, sourire niais, report constant à l’autre. Sourire niais. Excitation. Bousculade. Ressemblances, déchirures, boites à questions, créations de projections idéalisées et échanges de confidences enterrées. Soit. Je me sens juste bien et « apprécie » passer du temps avec l’autre. Sans aucun soucis d’avenir, d’anticipation même des problèmes, d’égo heurté, de sensations bafouées, de déceptions. Foutue vie peinarde qui ne me correspond visiblement pas, et, tant pis, pour l’autre, tant mieux, pour moi. Je ne suis pas là pour gâcher mon temps à me sentir seulement bordée et « tranquille », cousin.

Que leur Dieu m’en garde.
On s’en fout, Gwadale, ce n’est pas parce qu’il te manque que tu l’aimes, ce n’est pas parce que tu es séduite par le nouveau que tu ne l’aimes pas, ce n’est pas parce tu es nostalgique que tu ne l’aimes plus, ni parce que tu ne lui as pas dis depuis des mois. On s’en fout. That’s not the problem in fact.

Je m’aperçois que le serveur qui m’effleure sourit en même temps qu’il nettoie la table à côté de la notre.
« Y’a de l’euphorisant dans ta lingette puante ? lui demandais-je.
Etan se tourne vers nous et son sourire s’accroît.
« Pas dans ma lingette » dit-il.
Gwadale et moi échangeons un regard.
« T’écoute tout ce qu’on dit depuis tout à l’heure ? » elle lui demande.
« J’ai pas le temps d’écouter toutes vos questions existentielles. J’ai juste entendu quand ta pote parlait des besoins de séductions et de son profond moi »
« C’est tout ?!! criais-je. En fait t’as entendu le plus personnel quoi. »
Il pose son plateau. On sourit toutes les deux et on le regarde avec de gros yeux.

« Heureux de faire ta connaissance. Un jour il faudra qu’on ait une discussion toi et moi. »

Ouais vas-y, t’es trop drôle mec. Gwadale attrape une cigarette comme si le moment à venir était à savourer en même temps que la nicotine. Je souris toujours mais d’un air moqueur, je ne dis rien et je sens qu’à la vue de ma bouche qui se tort, il ne sait pas comment je le prends. D’ailleurs je ne sais pas moi-même comment je le prends, d’un côté c’est typiquement le genre de phrase de charmeur à la con que je déteste entendre, d’un autre, sa tête m’est sympathique et ses yeux ne donnent pas l’air faussement affriolants, ils le sont, justes.
« Avant de se la jouer compréhensif et solidaire, tu peux me dire si tu as vraiment de l’euphorisant ou si tu souris toujours aussi bêtement sans raison ? »
« Combien ? »
« Un »

Il part téléphoner.
Je l’observe, et, de profil, me rends compte qu’il me fait penser à Gaël.
Personne ne me fait penser à Gaël. Gaël est mort et personne ne doit lui ressembler.
Mais quoi que je dise, il a quelque chose de lui.
Je laisse mon cœur se tordre deux secondes.
Il revient.
« Dans une demi heure » Nous dit-il.

Là, c’est juste trop le fun. On est là à picoler depuis des heures, retournant les contacts téléphoniques (de vrais lâcheurs, ceux-là, rentrant dans le cadre de la lose pour la recherche stupéfiante), se moquant de nous-mêmes et de notre soirée étoilée qui devenait soirée arrosée, et là, un mec sorti de nulle part, un putain de mec qui sert des bières dégueulasses avec un t-shirt portant une énorme tête de squelette, vient à surprendre notre conversation et nous trouver ce que nous voulions.

Inutile de préciser que la trouvaille était remarquablement bonne, et que, pour le remercier, on a amené Etan avec nous à l’arrière boutique. Etant de service pour encore deux bonnes heures, il nous proposa de le retrouver à la fin de son service, afin de passer le reste de la nuit sur les quais bordelais avec des potes à lui musiciens. Ha, les potes musiciens, toujours là pour égayer des soirées, dans la vie !

En attendant qu’il termine, Gwadale et moi décidons de quitter les bobos pour aller se changer, faire le plein, et visiter de nouveaux bars.

En retrouvant Etan, mon cœur bat la chamade et il s’accélère à la vue d’un message sur mon portable. Un message qui me parle mais un numéro que je ne connais pas. Je réponds en demandant si c’est une erreur, on me répond « pardon. » Laisse béton, me dis Gwadale. Tu crois que c’est lui mais s’en est peut-être un autre. Je ne crois rien. Lui ne dirait pas pardon. Certainement pas. Lui ne dit absolument rien.
Je coupe cette machine à emmerdes qui ne m’a définitivement servit à rien ce soir, et la range au fond de mon sac.
Etan arrive toujours souriant, et nous propose de boire un dernier verre avant de retrouver les marginaux. Parfait, nous sommes assoiffées, et il n’est pas bon de s’arrêter au 10ème verre.

Il ne nous demande pas comment nous allons, ni ce que nous en pensons, ni si nous sommes des branleuses pour de vrai ou si c’est juste la mode d’un soir. Nous apprécions.

« Ca m’a fait marrer de vous entendre parler toute à l’heure. C’était pas bête, ce que vous disiez. »
« Tu ne me connais pas, je m’en fiche que tu ais entendu quoi que ce soit. »
« Tout va bien alors. Tu es une écorchée ? »
« Oui. Une orpheline. Victorieuse d’âmes chamboulées par leur propre existence et mon amour. Je pensais souffrir, mais je suis juste malade de la chaleur estivale. Le reste, qu’il parte. J’en ai à revendre, paraît-il. »
« Et bien, je n’ai pas d’argent, mais j’apprécie ce don érotique! »
On se sourit.

« On va se la mettre sévère et chercher de quoi fifizer ? »

Quoi ? Qu’est-ce-qu’il raconte ce plouc ? J’espère qu’il parle pas de trouver d’autres drogues, j’ai pas non plus envie de finir épave ce soir. Enfin, pas plus que là.

« Et bin, vous ne connaissez pas la combinaison du tiercé gagnant ? Dans la vie, il y a les bobos, les fifiz et les popotes. Les bobos, c’est la personne avec qui l’on sort. L’officielle quoi. Le petit copain la petite copine. Les fifiz, c’est les personnes qui nous tournent autour, ou celles auprès de qui on tourne, bref, très vite, des éventuels plans culs, ou/et les roues de secours, celles qui font, généralement et même si on se l’admet à peine à soi-même, qu’on quitte le bobo pour pouvoir fifizer tranquillement sans causer de tort. Jusqu’à ce que le fifiz prenne la place du bobo et perde son intérêt de fifiz. Puis, il y a les popotes, qui sont des proches ou des moins proches, bref, des « potentiels », que l’on aime bien et avec qui on partage des chouettes trucs, que l’on n’ imagine pas un jour devenir bobo et encore moins fifiz. Pourtant, il suffit d’une fois pour que le popote devienne fifiz puis bobo. Dans la vie, tout le monde a des bobos, des fifiz et des popotes. Quoi qu’on dise, on fonctionne tous de la même manière. Dès qu’on se met à fifizer, il faut jarcler le bobo. Puis, vint les instants de petits moments volés, d’affection et de légèreté. Mais le fifiz n’est pas quelqu’un de fiable car il ne nous permet pas d’être pleinement heureux car quoi qu’on dise, le fifiz ne remplace pas le bobo. Alors, on passe à la boboïsation et tout repart à zéro. »

J’écoute ce qu’il dit et souris. C’est tellement facile de rentrer des gens dans des cases ?

J’ai l’air cruche à dire que je n’ai pas de fifiz.
Je n’aime pas les roues de secours, c’est soit tout soit rien, c’est ainsi.
Je n’aime pas qu’on me court après, si je ne regarde pas bien c’est que je n’y trouve pas grand intérêt à m’y pencher, ou bien juste périodiquement, et ça, ça sent mauvais. Je n’aime pas faire croire en des choses que je ne veux pas donner, jouer un faux air me fatigue rapidement, ni, fricoter avec des éventuels, tandis que je partage des choses avec quelqu’un, ou pas.
Puis, je n’ai pas besoin d’une roue de secours pour me détacher du bobo, puisque je n’en ai pas.
N’aimant pas en être une moi-même, il ne risque pas de pointer le bout de son nez, ou bien il parviendra à déguiser ceci en cela et le tout sera alors le bon.
Le potentiel exceptionnel est parti en courant clamant qu’il refusait d’en être un.
Visiblement, il a manqué de tout saisir.

Je regarde droit devant tandis qu’on quitte le bar pour attaquer une longue marche.
Je commence à être sérieusement ivre et je vois Gwadale qui renifle et jure en même temps.
Etan est entre nous deux et nous marchons du même pas décidé vers les quais.
Chacun tient le bras de l’autre et voilà qu’il se met à siffler J’men fous pas mal, de Piaf.
Ca tombe bien. Gwadale comme moi connaissons et partageons les plus grands malheurs d’Edith.

Enchantée, Etan.

17 juillet 2010

Le temps vous instruira. Et s’il vous fait défaut, c’est à cela que sert l’imagination.

Je fonctionne de la même manière que mon neveu.
Une boule d’énergie.
Un bouquet d’envies variées.
Des cris, des éclats de rire, des chantonnements.
Je taquine et provoque.
Je cherche et je trouve, des gestes affectueux.
Je suis fatiguée : je deviens irritable, susceptible, désagréable.
Puis, je pleure.
Je suis contrariée : je fais d’abord la moue. Puis, je pleure.
Un peu de silence, dans mon coin.
Ensuite, je déborde d’énergie. De nouveau.

Il a 4 ans. Je suis à l’aube de mes 22.

Quel plaisir particulier je trouve dans ce travail. Je retrouve, devrais-je dire.
Les joies de la restauration.
L’adrénaline. Le stress. Le chiffre d’affaire. Le patron pas « mauvais » en soi mais qui, bien entendu, ne vit que pour ses intérêts. Les clients. Le rush. La manière de s’adresser aux collègues. Les « allô » quand on est dans le jus. Car c’est comme cela qu’on parle en service. Dans le jus, ça veut dire dans la bousculade, dans l’empressement, entre un client qui attend, un autre qui vient réclamer, un autre qui vient demander. Tout en même temps. Allô ?

Ce plaisir de faire trente six mille gestes en même temps. Ouvrir le robinet, passer le verre, attraper la bouteille, remplir le verre, fermer le robinet, se pencher pour attraper le citron, changer le papier pour la carte bleue, tiper les produits, essuyer le verre, répondre aux collègues qui cherche sa commande, dire le prix, encaisser, fermer la caisse, donner le reçu. Bonjour/au revoir. Bon appétit, bon voyage.
Et avec cela ?

Des clients à n’en plus finir. Des clients à satisfaire. Moi au bout du service. « Vous êtes le produit fini » m’a dit l’arriviste. Je dois être présentable, bien coiffée, me tenir droite, ne pas jurer, sourire, surtout. Sourire.

Ne pas voir l’heure passer. Etre bousculée, tout le temps. Tout faire, dans les temps.
Répondre à des objectifs de vente, qui dépendent de ma qualité de commerçante, pour mon patron. Qui dépendent du client et de son portefeuille, pour moi.

Travailler sans relâche, avoir un poste à responsabilité. Tenir une caisse à 500 euros. Faire les comptes. Servir au bar, du café, du café, du café. Classique ou 100% arabica ? L’arabica est le café dît d’origine, l’un est corsé, l’autre plus doux, se sert même en serré, paraît-il.
Qu’importe, je n’aimerai jamais cela.


Etre derrière un bar, avoir tout à portée de main, se trouver face aux clients qui s’assoient et vous observent travailler. Tandis que mes yeux se concentrent sur les liquides qui coulent dans les verres. Joli mélange, ce cocktail. Ca me rappelle des souvenirs, mais ils n’en sauront rien.

Puis, savoir se taire. Ne pas râler. Accepter de passer d’un poste de représentant à un laveur de chiottes. C’est ainsi. Gratter, nettoyer, décorer. Varier.
Faire croire au client que tout cela est totalement sous contrôle.

Le plaisir, de travailler en équipe. D’avoir un poste unique, mais de partager les emmerdes en commun. De l’entre aide, tout le temps. J’ai toujours connu ça en restauration. Quoi qu’il arrive, qui que ce soit, les collègues s’aident entre eux. Que ce soit le calme plat ou la panique totale, chacun va répondre aux questions, se déplacer, quitter son poste, courir, crier, donner main forte à celui qui le demande. Observer le travail des uns et anticiper les besoins des autres. Pouvoir participer, répondre. Etre formée en deux temps trois mouvements, car la majorité du savoir s’acquiert dans l’expérience de la pratique, puis, former à son tour.

Se sentir utile, efficace, rapide. Surtout, rapide.

Remarquer que les gestes deviennent mécaniques. Qu’ils s’enchaînent. Comme l’exercice de lecture, le cerveau a bien enregistré la procédure, tout se fait tout seul, les mains s’agitent systématiquement au contact d’une tâche à effectuer.

Tiper les produits à l’écran tactile. Quelle joie. Ils étaient tous épatés. Ne soyez pas crédules, j’ai déjà fait de la restauration, normal que je connaisse un ordinateur. Oui, mais tu enregistres vite. Normal, c’est trop fun de taper sur l’écran avec son index et de faire défiler les produits, de les trouver en deux fractions de secondes, de les ajouter/modifier/supprimer. Il me manquerait ne serait-ce qu’une seule case en moins et parfois je pourrais avoir l’impression de jouer à un jeu. A défaut de jouir comme nombreux autistes périodiques des applications pour I-phone débordantes d’inutilités, hors de ma portée.

Le temps passe à une vitesse folle. Pas le temps de penser. Impossible que les éléments extérieurs viennent trébucher sur le travail, tant il est difficile de laisser son esprit divaguer. Lorsque la fatigue pointe le bout de son nez, lors des fins de service, que la nuque reçoit comme des pointes par à-coup et qu’arrive à ce moment LE client râleur, celui qui vous remet tout sur la gueule et qui finit par « si vous n’êtes pas contente aller voir le responsable », ce genre de moment qui fait monter ma température en l’espace d’une fraction de seconde et qui me met à l’épreuve, je les défis .
Puisque je ne dois surtout pas agresser quelqu’un, l’insulter où m’arracher mes propres cheveux, je prends sur moi. Prendre sur moi .. un exercice à renouveler sans modération durant toute ma vie, je crois (et, quel bien !).

De toutes manières, être barmaid, c’est la classe.
Et barmaid en jupe, c’est encore plus la classe.

N’empêche qu’il est amusant de constater que les rares moments où j’ai des coups de mou, où je sens que je commence à devenir tristounette et à trouver tout relativement pénible, me vint alors la pensée de mon périple à venir, qui approche à grand pas. Quand cette pensée me traverse l’esprit, comme si je l’avais « oubliée » ou qu’elle n’avait plus sa place dans ma tête au moment de, je ressens quelque chose d’étrange dans mon corps. Je ne saurais dire si c’est dans mon ventre, ma tête, ou bien partout, mais arrive une sorte de vague salvatrice, qui s’étend partout, un sentiment léger comme lorsqu’on est amoureux et que dans une vague de décrochage le simple fait de « penser » à la personne qui nous touche nous redonne comme un petit coup de carburant dans le moteur rouillé.
Je ressens véritablement cela, sauf que je suis amoureuse d’un pays, qui plus est inconnu.

Comme toute tâche non directement désirée, il faut voir plus loin que le bout de son nez, et de celui du calendrier. Se projeter, toujours, quoi qu’il arrive. Avoir des envies, même si celles-ci se transforment.
Savourer le moment présent, toujours, et se laisser porter par ce qui nous pousse en avant.

J’aime cela, je crois.
La pression, les menaces patronales, les clients antipathiques qui me font ravaler ma salive, qui me rendent davantage placide, et qui me poussent à les regarder dans les yeux en leur dévoilant mon plus grand sourire. Ecouter des familles qui passent à la caisse, en silence, et deviner un soupçon de leur potion éducative, certaines remarques qui font sourire, d’autres, qui crispent.
Mais les enfants, quels que soient les parents, restent de fins observateurs discrets. Regardant de leurs gros yeux l’écran que je manipule ainsi que les verres que je remplis, j’aime les surprendre, en leur tirant la langue lorsque nos regards se croisent, toujours lors des dernières secondes de l’entrevue, les laissant interrogateurs avec un sourire timide au coin des lèvres.
J’aime, le bruit des verres qui se cognent entre eux lorsqu’on les range, après avoir passé un coup de chiffon dans chacun d’eux, eux qui sortent brulants de la plonge, qu’il faut manier avec précaution, tout en faisant vite.
J’aime, compter la monnaie, avoir le pouvoir de décider de si je rendrais des pièces ou un billet, la compléter à ma guise, puis, surtout, la rendre dans les mains du client.
Le seul contact physique qui soit inévitable.
Les anglais et allemands qui rentrent et sortent, qui me donnent l’impression de maîtriser de mieux en mieux la langue, sauf que je ne connais absolument rien au vocabulaire de la restauration. Mais je m'amuse, et ils me laissent des pourboires.
Les mamies qui s’excusent sans arrêt d’être lentes, et moi qui les encourage à prendre leur temps.
Les quelques charmeurs qui viennent toutes les trois secondes demander où se trouve le sel, puis le ketchup, puis les couverts, alors que les trois résident sur le même plateau.
Tout en s’excusant d’être perturbants.
Perturbants, qu’ils disent ..

Walk the line

Ce film est tombé à pic.
Une merveille.
La musique comme elle se fait rare désormais. Une époque de découvertes épatantes. Une bande originale fabuleuse.
Une histoire vraie.
Les amants éternels.

Et, comme à chaque fois, je suis retombée amoureuse de Joaquin Phoenix.
Ses yeux noirs de douleur et de sensibilité.
Sa gueule cassée, sa voix grave, son allure.
T.y.p.i.q.u.e.m.e.n.t mon genre.

Mièvrerie aux chiottes. Cet acteur est juste brillantissime.
Beau, singulier, un visage que l'on n'oublie pas. Dans chacun de ses rôles, un Nom.
Ses habits noirs.

" Avec vos vêtements noirs, c'est comme si vous vous rendiez à un enterrement."
" C'est peut-être le cas."

Son élue. Cela tombe bien, je l'aime aussi énormément.
Une originaire des U.S.A, actrice sollicitée, belle en son genre, qui sort du lot des potiches à productions niaises. Reese Witherspoon qui m'avait séduite, à l'age des mes 13ans, dans Freeway, tandis que le film m'avait marquée pour plusieurs années, puisque je me souviens avoir eu peur, encore aujourd'hui. Je devrais le revoir, tiens. Savoir ce qu'il en serait maintenant.
Puis, Sexes intentions, American psycho, Fear. Tant de bandes vidéos qui ont rythmé, à répétitions, plusieurs moments de ma vie.

Mais. Quel duo de choc. Quelle belle histoire.
Celle de Johnny Cash.

A ne pas rater, amis lecteurs.
A n'importe quel moment de la journée ou de la nuit, il enjolive l'écoute, il sème des sourires, fait battre le rythme, et, comme tous les bons films, donne un autre sens à la vie, l'espace d'un temps certain. Le temps de le voir. De le savourer. D'y repenser.

Bonne nuit.

04 juillet 2010

L'entendez-vous ?



Time, time, time, see what's become of me
While I looked around
For my possibilities
I was so hard to please
But look around, leaves are brown
And the sky is a hazy shade of winter

Hear the salvation army band
Down by the riverside, it's bound to be a better ride
Than what you've got planned
Carry your cup in your hand
And look around, leaves are brown now
And the sky is a hazy shade of winter

Hang on to your hopes, my friend
That's an easy thing to say, but if your hope should pass away
It's simply pretend
That you can build them again
Look around, the grass is high
The fields are ripe, it's the springtime of my life

Ahhh, seasons change with the scenery
Weaving time in a tapestry
Won't you stop and remember me
At any convenient time
Funny how my memory slips while looking over manuscripts
Of unpublished rhyme
Drinking my vodka and lime

Ilook around, leaves are brown now
And the sky is a hazy shade of winter

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...

Look around, leaves are brown
There's a patch of snow on the ground...
"You are the best. You are the worst. You are average. Your love is a part of you. You try to give it away because you cannot bear its radiance, but you cannot separate it from yourself. To understand your fellow humans, you must understand why you give them your love. You must realize that hate is but a crime-ridden subdivision of love. You must reclaim what you never lost. You must take leave of your sanity, and yet be fully responsible for your actions."